2003-2006 : le monoquini, un cinéma de poche

Trois années durant, de 2003 à octobre 2006, au numéro 5 de la rue Bayard à Montpellier, Monoquini a disposé d’un espace modulable d'environ 80m² - à la fois lieu d'exposition et cinéma de poche où ont été invités nombre d'artistes, cinéastes, chercheurs et auteurs.
Après trois années de programmation soutenue, en collaboration notamment avec l'association bande annonce et panoplie.org, le lieu a définitivement fermé ses portes le 31 octobre 2006. La programmation de la saison 2006 eut lieu sur une base mensuelle. Antoine Calafat en a conçu les dépliants.



OCTOBRE 2006

La profondeur Duchamp (7)
Jeudi 5 octobre / 21H

Arakawa / Gins
WHY NOT - A serenade for eschatological ecology

(USA, 1971, 16mm transféré en vidéo, n&b, 1H50)

La mise à nue d’une jeune femme qui procède à l’exploration sensuelle d’objets (une table, une poignée de porte, une orange, une cuvette de WC, un canapé) dans un environnement domestique graduellement prédateur, culminant en une scène de masturbation à l’aide d’une roue de bicyclette.
WHY NOT (Pourquoi pas) est un film expérimental âpre où transparaît la « recréation ironique de l’envie de toucher et de l’effort de perception », selon Gloria Moure à propos du ready-made homonyme de Marcel Duchamp, datant de 1921.
« Le fait qu’Arakawa soit un peintre contribue à la plasticité frappante de ce film, la proximité oppressive, palpable, des formes, des objets et des prises de vues. Le style rituel du film renforce son intensité interne hallucinatoire, et le pouvoir obsédant des images ». Amos Vogel, in Le cinéma, art subversif, Buchet/Chastel, 1974.

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La profondeur Duchamp (8)

Mardi 10 octobre à 20H30
> La Chartreuse
58, rue de la République – 30400 Villeneuve-Lez-Avignon
Renseignements : 04 90 15 24 24 / www.chartreuse.org

John Smith : OM
(GB, 1983, 16mm, 4’)
L’habit ne fait pas le moine.

Olivier Fouchard : QUE C’EST BON
(France, 1996, vidéo VHS, 4’)
Un film sur le désir…

Pascal Lièvre : ANTICHAMBRE
(France, 2002, vidéo, 2’40)
Un duo porno en play-back interprété par l’artiste, son double et son contraire, avec en sus inversion des rôles, en moins de trois minutes top chrono.

Stephen Dwoskin : MOMENT
(GB, 1970, 16mm, 10’)
Bande son de Gavin Bryars. Une Joconde qui fume en se donnant du plaisir.

Peter Rose : SECUNDARY CURRENTS
(GB, 1983, 16mm, n&b, 16’)
Un film sur les relations existant entre le cerveau et le langage - film sans image et dans lequel les relations changeantes entre le commentaire, délivré par un narrateur improbable qui profère un grand nombre de non-sens, et la narration, produite par des sous-titres, constituent un duo particulier pour voix et pensée, discours et son. Presque un opéra-comique, l’obscure métaphore de l’ordre et de l’entropie du langage.

Trois films d’Owen Land

L’artiste nord-américain Owen Land s’est d’abord fait connaître sous le nom de George Landow comme une figure importante du cinéma expérimental des années 60 et 70. L’originalité de son œuvre repose sur une analyse à la fois technique et théorique de la matière filmique et du dispositif de projection, une critique voire une satire du cinéma d’avant-garde (n’épargnant pas même ses propres films), un intérêt pour la sémantique (en particulier pour les jeux de mots, les fautes de grammaire, etc) et une quête spirituelle personnelle…
Deux des films les plus importants de ce cinéaste méconnu font pour la première fois l’objet d’une traduction, permettant au public francophone d’aborder une œuvre complexe où la dialectique côtoie un humour très décalé.

FILM IN WHICH THERE APPEAR SPROCKET HOLES, EDGE LETTERING,
DIRT PARTICLES, ETC.
(USA, 1965-66, 16mm, couleur, silencieux, 3’)
Un film dans lequel apparaissent les perforations, le lettrage en bordure de la pellicule, des particules de saleté, etc.

WIDE ANGLE SAXON (USA, 1976, 16mm, couleur, vostf, 22’)
Une sorte de drame épistémologique qui questionne avec ironie le processus de réalisation d’un film – de ce film même en train de se faire. Mais « heureusement, il ne s’agit que d’un rêve »…

ON THE MARRIAGE BROKER JOKE AS CITED BY SIGMUND FREUD IN WIT AND ITS RELATION TO THE UNCONSCIOUS, OR CAN THE AVANT GARDE ARTIST BE WHOLED ?
(Sur la blague de l’entremetteur citée par Sigmund Freud dans Le mot d’esprit et sa relation à l’inconscient, ou, l’artiste d’avant-garde peut-il être rentier ?)
(USA, 1980, 16mm, couleur, vostf, 17’)
Le chef d’œuvre ultime et inénarrable d’Owen Land, clin d’œil bridé à l’essai de Freud, Le mot d’esprit et sa relation à l’inconscient, n’est pas sans rappeler les démonstrations magistrales de l’artiste Belge Eric Duyckaerts. L’accumulation d’erreurs textuelles et de lectures erronées, aux conséquences désastreuses pour la continuité filmique et la logique narrative, confirme le souci constant pour le cinéaste de briser le rapport habituel du spectateur face à l’illusionnisme du spectacle cinématographique et de stimuler joyeusement son sens critique. Un pur film de divertissement, mais comme son titre peu commercial le laisse supposer, pour spectateurs avertis !

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La profondeur Duchamp (9)

Jeudi 19 octobre 2006 à 20H30
Centre Chorégraphique National de Montpellier
Couvent des Ursulines – Boulevard Louis Blanc – 34000 Montpellier
Tel. 04 67 60 06 70

Une salle obscure, un écran unique vers lequel est communément tendu le regard des spectateurs, assis en rangs à des distances variables – il s’agit du mode habituel d’appréhension du spectacle cinématographique.
Une des particularités du cinéma expérimental est d’avoir pour sa part transgressé la règle en proposant un élargissement (décadrage/dérèglement) de l’expérience esthétique, notamment par le morcellement ou la multiplication, voire la mobilité des sources ou des surfaces de projection, interrogeant ainsi les conditions spatiales et temporelles de la monstration, le dispositif filmique dans son entier et la perception du public à son égard.
C’est cette dimension expérimentale qui permet aux artistes-cinéastes d’envisager le film comme matière à performance ou installation, dans une filiation naturelle avec les arts plastiques et le spectacle vivant.
Le programme de ce soir présente quelques unes de ces œuvres croisées, qui impliquent une relation particulière à leur environnement et invitent les spectateurs à jouer de la situation.
Manipulations et déplacements à vue, polyvisions, chassés-croisés et traversées d’écrans, déambulation et participation du public - nous vous convions à une séance très particulière.
Ce sont les regardeurs qui font le film.

Liisa Lounila : POPCORN (Finlande, 2001, vidéo, 4’30)
Lis Rhodes : LIGHT MUSIC (GB, 1975, 16mm, n&b, 25’)
Tony & Beverly Conrad : FOUR SQUARES (USA, 1971, 16mm, 18’)
Yann Beauvais : QUATRE UN (France, 1975-1991, 16mm, silencieux, 12’)
Anthony McCall : LINE DESCRIBING A CONE (GB, 1973, 16mm, 30’)
Simone Denicolai & Ivo Provoost : NO ICE (Belgique, 2002, vidéo, 10’)

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La profondeur Duchamp (10)

Vendredi 20 octobre 2006 à 20H30
Centre Chorégraphique National de Montpellier
Couvent des Ursulines – Boulevard Louis Blanc – 34000 Montpellier
Tel. 04 67 60 06 70

Michael Snow : LA REGION CENTRALE
(Canada, 1970-71, 16mm, couleur, 3H)

Ce film a été tourné en septembre 1970 dans un désert de la toundra canadienne, au-dessus de Sept-Iles dans le nord du Québec, après des mois de repérage pour trouver ce lieu sans nom. Il a été réalisé au moyen d’une caméra Arriflex fixée à hauteur d’homme à une machine-support construite par Pierre Abeloos, effectuant des mouvements de rotation à 360° dans tous les axes possibles. La bande sonore a été composée selon la même partition qui guidait électroniquement les mouvements de l’appareil.
Contemporaine du Land Art et des recherches dans le domaine spatial, il s’agit d’une œuvre de cinéma pur qui, en dix-sept mouvements et selon des stratégies réglées mais à chaque fois différentes, des plus lentes aux plus rapides, des plus concrètes aux plus abstraites, des plus géométriques (cercles et spirales), aux plus topologiques (bandes de Moebius et vases de Klein), va présenter, transformer, réengendrer le paysage initial : un scanning exhaustif, un épuisement filmique où la caméra/machine célibataire devient un œil libéré du corps, où le spectateur subit une expérience d’apesanteur, se trouvant comme décentré, perdant la notion du « point de vue » comme s’il était à la fois partout et nulle part.
Michael Snow, digne soigneur de gravité.

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La profondeur Duchamp (11 et fin)

Jeudi 26 octobre à 21H
en partenariat avec Hors-Œil éditions

>Monoquini

François Lagarde : LES OBJETS AMUSES DE MICHEL GIROUD
(France, 2006, vidéo, 1H22)
Séance en présence de Michel Giroud.

Michel Giroud, plus connu sous le nom de Coyote ou Gerwulf, est critique, théoricien et éditeur. Depuis les années 70, sous la forme de livres, de lectures, d’actions, de rencontres et de revues, il réalise un vieux projet qu’il nomme en 1990 « Patata » (patatologie) ou « PTT » (Poésie Totalement Totale). En 1991 il fonde la « Nomanique Université » puis en mai 1997, le festival « Mille voix, mille voies » ainsi que l’encyclopédie de l’Eternal Network… Il est aussi historien et théoricien des avant-gardes, auteur d’essais sur Audiberti, Nougaro, Vostell, Haussmann, Filliou et Fourier.
Ce film est constitué de 32 séquences-performances, à travers lesquelles Giroud rend hommage aux artistes issus du Nouveau Réalisme, aux objecteurs, au mouvement Fluxus…

A propos d’Hors-Œil éditions
Hors-Œil éditions est producteur, créateur, éditeur et diffuseur d’œuvres sur supports numériques – CD-ROM, DVD et contenus on-line. Il s’agit de susciter des projets multimédias et audiovisuels auprès d’écrivains, d’artistes ou de scientifiques. Le pari ? Que ces croisements de connaissances, ces associations entre textes et images invitent à concevoir et restituer une forme de lecture inédite. Parmi les titres parus, les Proëmes de Jean-Claude Milner, Roger Laporte, Jean Azémard, les portraits à 360° de Denis Roche, Robert Combas, Jean-Louis Schefer, Albert Hofmann, « A Love secret », le film que Christine Baudillon a consacré au pianiste Siegfried Kessler, ainsi que le film de François Lagarde présenté ce soir.

www.hors-oeil.com




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Merci : Emmanuel Latreille et le FRAC LR, les lieux partenaires qui ont accueilli nos séances, Light Cone, Cinédoc, Heure Exquise, Hors-œil, AV-arkki, LUX, The New York Film-makers Cooperative, Arakawa / Gins, Stéphane Abboud, Antoine Calafat, Print System, Clément Charmet, Vincent Tricon. Programmation : Bertrand Grimault

Those were Monoquini’s last picture shows / ce sont les dernières séances proposées par le Monoquini à Montpellier. Encore un grand merci à toutes les personnes qui nous ont accompagné et soutenu dans cette aventure artistique.