VENDREDI 28 FÉVRIER 2025 — 20H30
Château Pallettes
17 rue Élie Gintrac, Bordeaux
Tarif : 5€ / 3€ pour les adhérent-e-s Monoquini

Ouverture des portes à 20h. Buvette sur place.
Nombre limité de places.
Les retardataires ne seront pas acceptés après le début de la séance !

THÉÂTRE DE SANG
THEATRE OF BLOOD
Un film de Douglas Hickox
GB / 1973 / couleur / 1h44 / VOSTFR
Scénario de Anthony Greville-Bell.
Musique de Michael J. Lewis.

Avec Vincent Price, Diana Rigg, Ian Hendry, Harry Andrews, Robert Coote, Michael Hordern, Robert Morley, Coral Browne, Jack Hawkins, Arthur Lowe, Dennis Price.

— Un acteur shakespearien prend une revanche hautement théâtrale sur les critiques qui lui ont refusé la reconnaissance, s’inspirant pour ce faire des pièces du barde de Stratford.

Deuxième film puisé dans les mémoires cinéphiles de l’écrivain Bret Easton Ellis, nous voici en présence d’un authentique fleuron de mauvais genre qui s’autorise les pires traitements dans une débauche de fantaisie macabre.

Vincent Price, grand acteur de l’âge d’or hollywoodien (Laura de Preminger, Le Château du Dragon de Mankiewicz), s’est rapidement imposé dans le genre de l’épouvante par sa présence inquiétante et sa voix légèrement nasillarde d’outre-tombe, et il reste l’interprète emblématique des adaptations cinématographiques d’Edgar Allan Poe par Roger Corman dans les années 60. Il trouve en l’acteur shakespearien Edward Lionheart un rôle à sa démesure. Mieux, en acteur littéralement possédé par les pièces de Shakespeare et par la loi du talion contre des critiques de théâtre malavisés qui l’ont humilié jusqu’à le pousser au suicide. La mort n’aura pas voulu de l’acteur incompris, authentique revenant qui sait que la vengeance est un plat qui se mange froid. Dans White, Ellis n’évoque que le cas de Meredith Merridew, le critique outrageusement efféminé contraint de déguster – à l’instar de Tamora, la reine des Goths, dans Titus Andronicus – ce que le suspense nous interdit ici de nommer. Voilà l’occasion de relire vos classiques.

Diluées dans le Grand Guignol, les sanglantes tragédies shakespeariennes inspirent les sept mises à mort orchestrées et actualisées dans le Londres des années 70 par le revanchard Lionheart : Jules César, Troïlus et Cressida, Cymbeline, Othello, Henri VI (première partie), Le Roi Lear et une interprétation toute personnelle de la comédie Le Marchand de Venise (« Repent not you that you shall lose your friend, and he repents not that he pays your debt. For if he do but cut deep enough, I’ll pay it instantly with all my heart » – littéralement). Shakespeare n’a t-il pas contribué pour exprimer l’abondante effusion de sang à populariser le terme de gore (Macbeth, Roméo et Juliette), longtemps jugé désuet avant que le producteur David Friedman ne s’en empare pour promouvoir en 1963 Blood Feast puis 2000 Maniacs de Herschell Gordon Lewis, les premiers films du genre dans l’histoire du cinéma d’horreur ? Certainement l’abrasif roman d’Ellis, American Psycho, est-il issu de ce mélange impur de gore élisabéthain, de sous-culture populaire de drive-in et de la fascination morbide pour les tueurs en série.

Si le « théâtre des opérations » dans The Legend of Hell House (présenté lors de la Lune Noire du 31 janvier) est un de ces fastueux châteaux anglais propices aux ectoplasmes, le repaire de Edward Lionheart et de sa troupe de « Meths Drinkers » (une parodie alcoolisée du Living Theater) est le Putney Hippodrome Theatre, un théâtre de variété inauguré en 1906 dans la banlieue du sud-ouest de Londres qui fut reconverti en lieu de projection cinématographique en 1924, exploité par diverses sociétés (Gaumont British, Associated British Cinemas, Rank Organisation) avant de fermer ses portes en 1961. Dix ans plus tard, Douglas Hickox en fit un des décors pour deux de ses films, le brutal Sitting Target (1972), avec Oliver Reed, et notre Théâtre de sang, qui à l’instar du lovecraftien Haunted Palace de Roger Corman où Vincent Price interprète Charles Dexter Ward, fut réellement incendié pour les besoins de l’action : pas d’effets spéciaux numériques ici, le spectateur effaré assiste à la destruction du vénérable théâtre ravagé par les flammes en un final véritablement tragique. Ce qui restait de l’’imposant bâtiment fut démoli en 1975 pour laisser la place à des logements.

Si notre regard est aimanté par le magnétique Price au milieu d’un casting truculent, il faut bien sûr mentionner Diana Riggs (soit Emma Peel, la célèbre partenaire de John Steed dans Chapeau melon et bottes de cuir) qui a déclaré s’être follement amusée dans son rôle transformiste, endossant d’improbables accoutrements pour servir fidèlement son glorieux père dans ses sidérants actes de vengeance.

Théâtre de sang, c’est les chocottes, avec le sourire.

— Bertrand Grimault

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Un événement proposé par l'association Monoquini en partenariat avec le Château Pallettes.
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