DIMANCHE 26 JUIN 2022 — 20H15
Cinéma Utopia
5 Place Camille Jullian, Bordeaux
Tarif : 7€ ou Ticket abonnement


THE NIGHTINGALE

Un film de Jennifer Kent

Australie / 2018 / couleur / 2h16 / VO (Anglais, Irlandais, Palawa kani) STFR
Scénario original de Jennifer Kent.
Avec Aisling Franciosi, Sam Claflin, Baykali Ganambarr, Damon Herriman, Harry Greenwood, Ewen Leslie, Charlie Shotwell, Michael Sheasby, Charlie Jampijinpa Brown…
Musique : Jed Kurzel

Prix spécial du jury, Mostra de Venise, 2018
Grand Prix et Prix d’interprétation pour Aisling Franciosi, 9ème Australian Academy of Cinema and Television Arts Awards, 2019.

Inédit en salles en France
Avertissement : certaines scènes sont susceptibles de heurter la sensibilité du public

— En 1825, à la veille de la « guerre noire » menée par l’armée coloniale britannique contre les aborigènes de Tasmanie, Clare Carroll, une jeune servante irlandaise surnommée « le rossignol » pour la beauté de son chant, est violée par son officier de tutelle, le Lieutenant Hawkins, qui la laisse pour morte après avoir tué son mari et son bébé. Confrontée à l’indifférence des autorités, Clare n’a plus qu’une idée en tête : se faire justice.

Accueilli par des réactions racistes et misogynes lors de sa présentation en 2018 à la Mostra de Venise, où le jury lui attribua cependant son Prix spécial, privé de sortie en salles du fait de la pandémie et cantonné à une diffusion en ligne, le deuxième film de la réalisatrice de THE BABADOOK, un conte horrifique sorti en 2014 et multi-primé, aura connu un long purgatoire avant d’arriver sur l’écran du Cinéma Utopia pour cette séance unique…

En s’attaquant au genre inconfortable du « rape and revenge » (film de viol et de vengeance) dans un contexte historique donné, Jennifer Kent fait résolument le choix de secouer la conscience du spectateur. Son récit est basé sur une exigence d’authenticité dans les moindres détails. Tout d’abord en le situant à l’époque où la grande ile australienne nommée « Lutruwita » par les autochtones, connue en Europe comme
« Terre de Van Diemen » avec un statut de colonie pénale, était une destination aux paysages sauvages et encore inexplorés où la Couronne britannique envoyait droits communs, délinquants et criminels. On ne saura pas quelle peine purge depuis sept ans la frêle Clare, qui attend en vain la lettre de recommandation qui lui rendrait la liberté et mettrait fin aux abus dont elle est victime, dans un pays où l’on comptait alors huit hommes pour une femme. Quand il s’agit pour elle de partir à la poursuite des assassins de sa famille, en route vers le quartier général de Launceston où le Lieutenant Hawkins aspire au grade de Capitaine, elle n’a d’autre choix que de trouver un guide pour la conduire dans ces contrées inhospitalières. Ce sera Billy (de son vrai nom, Mangana, "Le Merle"), un aborigène dont les proches ont été décimés lors d’un de ces massacres encouragés par le gouvernement local, réprimant la population indigène qui s’est révoltée face à l’afflux massif de colons, la réduction du gibier sur les terres traditionnelles de chasse et le rapt de femmes et d’enfants réduits en esclavage.
En réponse à la guérilla, les colons se livrèrent à l'époque à un véritable génocide, encouragé par le gouvernement. Il en résulta la destruction du mode de vie et d’organisation sociale traditionnels, la réduction de la population aborigène de plusieurs milliers d’individus à quelques centaines…

On conçoit que les relations entre la fugitive blanche et l’orphelin noir dont elle dépend dans son périple soient d’abord imprégnées de racisme et d’ignorance réciproque, avant que leur haine commune de l’oppresseur anglais ne les rapproche.
Jennifer Kent amène par sa puissante mise en scène le spectateur à vivre une aventure d’une rare intensité. À cela tout concourt : la violence de l’histoire (durant le tournage, actrices et acteurs ont bénéficié d’une assistance psychologique, compte tenu de la brutalité de certaines situations), son héroïne vengeresse aux semelles de laquelle le film demeure accroché, les sombres forêts pluviales où s’engage la chasse à l’homme, l’écriture sèche du scénario, le format carré de l’image choisi par la réalisatrice afin d’éviter que les personnages ne se noient dans la nature et justifiant pleinement l’expérience de vision dans une salle de cinéma.

Si le film est un réquisitoire contre les atrocités commises vis-à-vis des populations aborigènes et des femmes au début du XIXe siècle en Tasmanie pendant la colonisation britannique, il est aussi et surtout le récit bouleversant de la rencontre de deux opprimés qui, au-delà de leurs différences, accomplissent un chemin initiatique vers une fragile mais nécessaire vérité : le besoin de compassion dans une époque de brutalité.

Film annonce :




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Un événement proposé par l'association Monoquini en partenariat avec le Cinéma Utopia.
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