En attendant Pollet / 4

DIMANCHE 21 NOVEMBRE DE 15H À 20H
Le Lieu sans nom

LA MÉDITERRANÉE SE JETTE DANS LA MER DU NORD

15H

1ère partie
EXPRMNTL
Un film documentaire de Brecht Debackere
Belgique / 2017 / couleur + n&b / 67 min. / VF et VOSTF

Knokke-le-Zoute, en Belgique. Une station balnéaire cossue sur la Mer du Nord. Pour rivaliser avec Venise et Cannes, le casino chic accueille le deuxième "Festival mondial du film et des arts" en 1949, organisé par la Cinémathèque Royale de Belgique. Pour célébrer les 50 ans d'existence du cinéma, a été conçu un programme parallèle présentant le médium sous toutes ses formes : film surréaliste, film absolu, films dadaïstes, film abstrait… Ce programme deviendra bientôt un festival à part entière : EXPRMNTL, dédié au cinéma expérimental, et futur rassemblement de l'avant-garde. EXPRMNTL n'a connu que cinq éditions, en 1949, 1958, 1963, 1967 et 1974, mais elles sont devenues légendaires et ont influencé nombre de festivals aventureux jusqu’à aujourd’hui.
Le documentaire de Brecht Debackere revient sur cette aventure artistique passionnante au travers d’une foule d’images d’archives et des témoignages de celles et ceux qui y ont participé, en premier lieu Jacques Ledoux, directeur de la Cinémathèque et fondateur du festival, ainsi que Jonas Mekas, Birgit Hein, Agnès varda, Peter Kubelka, Roland Lethem…

17H-20H

2ème partie
BACK TO KNOKKE
Un bref voyage dans la programmation de EXPRMNTL 3
En présence de Xavier García Bardón

En 1963, a lieu la troisième édition du festival EXPRMNTL au Casino de Knokke-le-Zoute. Le court métrage MÉDITERRANÉE de Jean-Daniel Pollet est présent dans la sélection française. Sa projection est chahutée, le film, sifflé, est incendié par la critique spécialisée. 1963 est l’année où s’impose le cinéma underground nord-américain, porté par la personnalité très engagée du critique Jonas Mekas, avec le succès de scandale de FLAMING CREATURES de Jack Smith, devenant cause célèbre de la censure exercée sur certaines œuvres en marge. La découverte du cinéma expérimental japonais est aussi un choc pour le public européen. Il faudra attendre plusieurs années et la projection quasi confidentielle de MÉDITERRANÉE dans des ciné-clubs universitaires pour que le film soit progressivement redécouvert et finalement célébré pour le regard neuf qu’il offrait alors.
En égrainant au travers de quelques films significatifs la programmation internationale d’EXPRMNTL ‘63, cette séance invite à une forme de voyage temporel et immersif dans le bouillonnement créatif d’une époque où les nouvelles vagues mondiales réinventaient le cinéma, et propose de replacer le film de Jean-Daniel Pollet dans ce contexte artistique.


Mothlight de Stan Brakhage (1963)

PROGRAMME
Projections en 16mm et vidéo
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21-87
Arthur Lipsett

Canada / 1963 / 16mm / n&b / 9 min.
En une succession de perspectives décousues sur une foule en mouvement, livrant un commentaire acerbe sur la domination progressive de l’homme par la machine, Arthur Lipsett s’affirme comme un grand artiste du montage et introduit une dimension expérimentale dans le cinéma documentaire.

L'ANNONCIATION
Philippe Durand

France / 1964 / 16mm / n&b /10 min.
Avec Dorothée Blank.
Séquence d'animation réalisée par Robert Lapoujade.
L'homme est-il un animal ? Ou ne descend-il pas plutôt de l'ange ? Est-il fait de glaise, ou bien n'est-il qu'un assemblage de viande et de nerfs qui, mis en pièces, finira dans un bocal ?

JOUR APRÈS JOUR
Clément Perron

Canada / 1962 / 16mm transféré en numérique / n&b / 27 min.
Un documentaire impressionniste aux superbes images et au montage syncopé, qui évoque le quotidien des travailleurs de Windsor, une petite ville de 6 500 habitants au Québec, vivant au rythme de l'industrie papetière.

MOTHLIGHT
Stan Brakhage

USA / 1963 / 16mm / n&b / 4 min.
Film réalisé sans caméra, MOTHLIGHT a recours au collage d’éléments fins et translucides, prélevés dans la nature (ailes d’insectes, pétales de fleurs, brins d’herbe…) et apposés directement sur la pellicule 16mm transparente. Une des œuvres les plus célèbres du cinéma expérimental américain.

ONAN
Takahiko Iimura

Japon / 1963 / 16mm / n&b / 7 min.
Musique de Yasunao Tone
Iimura, pionnier du cinéma expérimental et de l’art vidéo au Japon, transpose librement l'histoire biblique d'Onan avec ce portrait d’un jeune homme reclus et de son rapport fétichiste aux images.

PÊCHE DE NUIT
Tjerk Wicky, Luc Peire, Henri Chopin

France-Belgique-Suisse / 1963 / 16mm transféré en numérique / n&b / 12 min.
Un essai expérimental qui réunit l’univers plastique de l’artiste belge Luc Peire, figure de l’op’art et du « verticalisme abstrait » et un poème phonétique d’Henri Chopin datant de 1957, assemblés et manipulés par le photographe et graphiste suisse Tjerk Wicky.

RENAISSANCE
Walerian Borowczyk

France-Pologne / 1963 / 35mm transféré en numérique / n&b / 9 min.
Prix du Jury, Knokke 1963
Une machine à remonter le temps. Un théâtre d’objets dans un mouvement perpétuel de destruction et de renaissance. Rien ne se perd, tout se recompose. Un classique du film d’animation, par un maitre polonais du genre.

SCHWECHATER
Peter Kubelka

Autriche / 1958 / 16mm / n&b / 1 min. 35
À l’origine destiné à être un film publicitaire pour la bière Schwechater, le résultat déplut au commanditaire mais est depuis devenu un classique du cinéma expérimental… À partir du métrage original, Kubelka a établi une règle de montage métrique où, parmi 1440 photogrammes, seules quatre images surgissent dans un flux visuel continu.

TOWERS OPEN FIRE
Antony Balch

GB / 1963 / n&b / 9 min. / VOSTF
Le premier film d’Antony Balch réalisé en collaboration étroite avec William S. Burroughs, où l’écrivain joue un rôle omniprésent. Collage des thèmes qui fondent les textes de Burroughs à l’époque de Nova Express, cette description de la société se désintégrant à l’image d’un krach boursier applique au montage cinématographique la technique littéraire du cut up, sur fond d’expérimentations sonores.

TWICE A MAN*
Gregory J. Markopoulos

USA / 1963 / 16mm / couleur / 49 min.
Une transposition dans le New York des années 60 du mythe grec d'Hippolyte, tué après avoir rejeté les avances de Phèdre, sa belle-mère follement amoureuse de lui.
L’inspiration de Gregory Markopoulos, né aux États-Unis en 1928 de parents grecs, puise dans la mythologie et les œuvres des écrivains décadents de la fin du XIXème siècle. À la fois dandy romantique et créateur d’un langage cinématographique neuf, il est considéré comme un des pionniers du cinéma indépendant américain, et TWICE A MAN, par son usage sensuel de la couleur et sa mosaïque d’images mentales, est devenu un classique.

*copie 16mm projetée avec l’aimable contribution de Mr Robert Beavers et de The Temenos Archive.


De gauche à droite : TWICE A MAN / ONAN / SCHWECHATER

21 H

Château Pallettes
17 rue Elie Gintrac
33000 Bordeaux

— Buvette et petite restauration à prix modique
Spécialités d’Alep par Mme Atro

3ème partie
KNOKKE OFF

LA SÉANCE INTERDITE !

CHUMLUM
Ron Rice

USA / 1963 / 16mm / couleur / 26 min.
Avec Jack Smith, Beverly Grant, Mario Montez, Joel Markman, Frances Francine, Guy Henson, Barry Titus, Zelda Nelson, Gerard Malanga.
Musique d’Angus McLise.

Ron Rice est une figure fugace et mythique du cinéma underground New Yorkais. CHUMLUM est le quatrième et dernier film qu'il a achevé, l'année même de sa mort dans un hospice d'Acapulco, à l'âge de 29 ans. Contemporain du FLAMING CREATURES de Jack Smith à qui il emprunte quelques-uns de ses participants, il en a le caractère de lent rituel, d’un après-midi de faunes flottant dans un paradis artificiel vaporeux, filmés par une caméra en apesanteur. Une perle rare du cinéma psychédélique dont le titre est emprunté à l'étrange instrument à cordes dont joue Angus McLise (proche de La Monte Young, Tony Conrad et John Cale, et futur 1er batteur du Velvet Underground).

FLAMING CREATURES
Jack Smith

USA / 1963 / 16mm / n&b / 43 min.

Réalisé avec les moyens du bord et de la pellicule périmée, FLAMING CREATURES est le film par lequel le scandale arriva à Knokke. Œuvre emblématique du cinéma underground new-yorkais, il s’agit d’une des premières expressions cinématographiques de la sensibilité gay à l’époque où l’homosexualité, considérée comme un phénomène anormal, était réprimée. Saisi par la police, le film fut condamné pour outrage aux bonnes mœurs par la justice. Mais qui sont ces « flamboyantes créatures » ? Elles sont nées d’un imaginaire extravagant et d’un glamour de pacotille inspirés autant des série B exotiques que du maniérisme sophistiqué d’un Joseph von Sternberg. Tels les fantômes décadents de stars hollywoodiennes, les figures travesties hantent la pellicule avant de s’animer en une orgie sismique.