En attendant Pollet / 1

JEUDI 18 NOVEMBRE — 20H30
Le Lieu sans nom

LE CERCLE POLLET

Cadet de la Nouvelle Vague, selon ses propres termes, Jean-Daniel Pollet s’est continuellement affranchi des contraintes commerciales de l’industrie cinématographique pour poser les jalons d’une œuvre résolument personnelle et unique en son genre. Il n’est cependant pas un cas isolé dans cette génération de cinéastes apparus à la charnière des années 50 et 60, et on peut le rapprocher d’autres figures qui, tout en restant à la marge, ont marqué le cinéma français d’une empreinte extrêmement originale.
Cette séance, constituée de productions choisies dans le voisinage ou la complicité des premiers films de Pollet, renouvelle notre regard sur le cinéma français de la période et son éclatante modernité.

Au programme :

BLUE JEANS
Jacques Rozier

France / 1958 / n&b / 22 min.

Comme Pollet, Rozier était un contrebandier qui bricolait la production de ses films et n’était pas assuré de les voir sortir en salle. De même, dissolvait-il la frontière entre fiction et documentaire, en intégrant avec humour des scènes prises sur le vif dans des récits d’une grande fraicheur naturaliste. Ainsi cette journée dans la vie de René et Francis, deux jeunes gars qui draguent les filles en scooter à Cannes. Beaux parleurs mais désargentés, leur bagout à la limite de la goujaterie va se heurter au dédain de leurs multiples proies…

LE PARTI DES CHOSES
Jacques Rozier

France / 1963 / n&b / 9 min. 30

Sur le tournage du MÉPRIS de Jean-Luc Godard dans la villa Malaparte près de Capri en Italie, l’effervescence de la création, les gestes des techniciens, les déplacements des comédiens (le couple Bardot et Piccoli), l'organisation aléatoire guidée par le hasard des événements… LE MÉPRIS et MÉDITERRANÉE, tous deux de 1963, se font ici écho.

UNE LETTRE
Philippe Condroyer

France / 1963 / couleur / 12 min.
Musique d’Antoine Duhamel.

Sur fond de paysages industriels du Nord, dans la lumière grise de l’hiver, on entend la voix d’une femme lisant la lettre qu'elle adresse d'Italie à son amoureux venu travailler en France. Réalisateur talentueux de courts métrages documentaires et de films de commande dans les années 60, Philippe Condroyer a clôt sa carrière en 1974 avec le bouleversant LA COUPE À 10 FRANCS. En 1963, Jean-Daniel Pollet lui emprunte pour MÉDITERRANÉE des images tournées dans une fonderie et les deux amis ont en commun leur collaboration fidèle avec le compositeur Antoine Duhamel.

LES MAUVAISES FRÉQUENTATIONS
Jean Eustache

France / 1963 / n&b / 42 min.

Jean Eustache a 25 ans quand il démarre les prises de vues de son premier métrage. Un film préparé dans un certain secret et avec les moyens du bord. Malhonnêtes au besoin, puisque Jeannette Delos, la femme du réalisateur, alors secrétaire aux Cahiers du Cinéma , pioche dans la caisse de la revue pour en boucler le budget. Le scénario s'inspire d'une mésaventure vécue par Jeannette elle-même. Après une dispute conjugale, elle était partie marcher pour se calmer. Arrivée sur le boulevard de Clichy, elle s'était fait accoster par deux types qui avaient fini par lui voler argent et papiers... Dans LES MAUVAISES FRÉQUENTATIONS, deux glandeurs, plus vraiment ados, pas vraiment adultes, boivent des coups dans les cafés de Pigalle. Ils n'ont pas les moyens d'inviter des filles et, de toute façon, ils ne sont pas dans le bon quartier pour inviter celles dont ils rêvent. Une jeune femme esseulée au visage triste finit par accepter d’aller prendre un verre avec eux…

LA PETITE CUILLÈRE
Carlos Vilardebo

France / 1961 / coul / 9 min.

Palme d'or du court métrage, Cannes 1961.

Réalisateur portugais installé en France où il signa une série remarquable de documentaires sur l’art, Carlos Vilardebo déclarait vouloir atteindre au cinéma ce que Francis Ponge avait réussi en littérature : l’approche d’un être, la précision d’une impression, la définition d’un objet. Avec cette singulière Petite Cuillère - une cuillère à fard égyptienne dite « à la nageuse », âgée de trois millénaires et appartenant à la collection Dutuit au Petit Palais - il parvient amoureusement à donner une âme à un objet de bois sculpté à l’effigie d’une femme. Jean Negroni, le récitant du texte d’Alexandre Astruc pour BASSAÉ, prête ici sa voix si reconnaissable au commentaire de Jeanne Vilardebo.

Projections 16mm.
Durée totale : environ 1h40