AMER AMERICA I



Une approche de la réalité américaine contemporaine,
du New Deal à nos jours


Un cycle de projections et de rencontres
dans le cadre du Mois du film documentaire, Novembre 2004



Intro

Sans doute en raison de la richesse de son expérience, la société américaine est peut-être de toutes celle qui présente les contrastes les plus prononcés, et dans tous les domaines. Ainsi, le régime politique des États-Unis a-t-il été depuis près de deux siècles admiré et imité comme le modèle de la démocratie ; mais aujourd’hui, ses adversaires s’évertuent avec autant d’acharnement à en dénoncer les infractions, et on lui reproche précisément d’empêcher l’avènement d’une effective démocratie.
Des générations ont expérimenté les vertus du melting pot, l’incomparable aptitude de la société outre-Atlantique à fondre en un tout unifié les apports les plus disparates, venus de toutes les contrées d’Europe; or aucun pays n’est aujourd’hui confronté à des problèmes raciaux plus complexes, plus difficiles à résoudre. Le respect quasi religieux de la loi et des décisions de justice, hérité d’une tradition plusieurs fois séculaire, ne préserve pas les États-Unis des déchaînements de la violence, sous toutes ses formes, de la haine raciale à la criminalité vulgaire. Nulle part le développement de la ville, cette expression de l’homme en société, n’avait atteint pareil point d’expansion, et voila que les villes américaines présentent les symptômes d’une société malade. Même la position internationale des États-Unis apparaît pleine de contradictions : la plus grande puissance du monde, qui n’a jamais été vaincue, a été tenue en échec, pendant des années par le peuple pauvre du Vietnam – une situation qui semble se répéter aujourd’hui en Irak, sous couvert d’une guerre de libération.
Quant à sa politique étrangère, donc , jugée sur ses principes et ses déclarations comme la plus idéaliste qu’on connaisse, on objectera qu’il n’en est pas de plus cynique dans son inspiration, de plus brutale dans son exécution. De là vient que l’expérience américaine inspire des sentiments aussi contradictoires, entre fascination et rejet, entre sympathie et détestation.
Pareille profusion de paradoxes est la conséquence de l’originalité fondamentale de l’histoire des États-Unis, nous exhortant à tenter de saisir la vérité de cette nation.
Sans doute le point de vue documenté du cinéma peut-il nous aider à en approcher des aspects, à mieux comprendre cet autre, l’Américain.

L’actualité de l’élection présidentielle des États-Unis le 3 novembre prochain motive une programmation d’œuvres filmiques dont le choix, plutôt pessimiste, est une conséquence de la perception que nous avons des États-Unis après cinq années sous la coupe de l’administration Bush. Les films récents de William Karel, Michael Moore ou encore Christine Rose rendent dramatiquement compte de l’incurie du gouvernement américain, dont l’idéologie essentiellement guerrière, au mépris d’une politique intérieure et de la prise en compte des problèmes sociaux, nourrit l’intérêt non de la nation, mais d’un lobby d’affaires.
Une politique controversée, aux conséquences lourdes pour le peuple américain en terme de droits et de liberté d’expression, qui ne date pas vraiment d’hier et qui a été l’objet de réflexions et d’investigations de la part de cinéastes, dès les années 30.

Il s’agit d’un aspect méconnu de la production cinématographique nord-américaine.
Le Mois du film documentaire (dans des limites qui ne nous permettront pas d’aborder des sujets tels que l’immigration ou l’intégration des Amerindiens, ou encore de rendre hommage au cinéaste américain Robert Kramer, disparu le 10 novembre 1999) nous invite à revisiter ou découvrir un certain nombre de ces productions historiques ou récentes qui éclairent, « from the other side », d’un autre feu, de manière grave ou irrévérencieuse, les zones d’ombres de la société américaine.

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LE CINEMA MILITANT AUX ETATS-UNIS
Frontier Films, une expérience de cinéma social, 1936-1942

Programme 1

THE PLOW THAT BROKE THE LAND
Paul Strand & Pare Lorentz

(1936, 16mm, n&b, vostf, 26’)

POWER AND THE LAND
Joris Ivens

(1940, 16mm, n&b, vostf, 38’)

Programme 2

NATIVE LAND
Leo Hurwitz & Paul Strand

(1942, 16mm, n&b, vostf, 88’)

Invoquant le patriotisme par des images et des allusions au Rocher de Plymouth, la déclaration d’Indépendance, la guerre civile et la conquête de l’Ouest, « Native Land » (Terre natale), commencé en 1938 sous le titre « Labor Spy » mais pas diffusé avant 1942, exhorte les citoyens ordinaires à ne pas considérer leur liberté comme acquise. Un fermier du Michigan est attaqué, des métayiers demandant un salaire décent sont chassés et tués par les adjoints du shérif local, le Ku Klux Klan goudronne et emplume trois syndicalistes de la Trade Union, et un représentant du syndicat est retrouvé assassiné…Combinant des images d’archives de ces évènements et des séquences rejouées par des acteurs professionnels, Strand et Hurwitz en appellent à une révolution sociale, pour combattre le complot contre les unions de travailleurs et les tentatives de spoliation des droits à la vie et à la liberté de chaque Américain.
Ce documentaire de gauche fut réalisé en réaction aux bandes d’actualités March of the time, ostentatoirement favorables au patronat et à la répression. Durant le maccarthysme, les négatifs originaux furent détruits ; cependant, le film a survécut, circulant de nouveau à partir de 1974 et atteignant le statut d’un film légendaire pour les droits de l’homme en Amérique du Nord.

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« En 1934, Paul Strand est un photographe célèbre quand il tourne au Mexique, avec Fred Zinnemann, Les Révoltés d'Alvarado, docu-fiction vigoureusement polémique et puissamment lyrique sur une grève de pêcheurs en lutte contre l'exploitation. Par son engagement social, l'oeuvre évoque les grands films soviétiques et par son style s'apparente au Que viva Mexico inachevé d'Eisenstein. Strand est marxiste, comme plusieurs des meilleurs documentaristes de l'époque, dont Joris Ivens, et c'est avec eux qu'il crée en 1937 Frontier Films, un groupe militant auquel on doit de remarquables reportages sociaux à l'initiative de l'administration démocrate dans le cadre de la politique du New Deal de Roosevelt: Power and the land, sur l'électrification rurale; The River, sur la construction d'un barrage dans la vallée du fleuve Tennessee, et surtout The Plow that broke the plains, qui décrit la désertification du Middle West et l'exil forcé de millions de fermiers ruinés.
Alors que fascisme et nazisme sont de plus en plus menaçants, et que la guerre civile fait rage en
Espagne et en Chine, Paul Strand et ses camarades entreprennent de dénoncer les atteintes aux libertés civiques perpétrées aux Etats-Unis par des organisations patronales acoquinées avec la mafia et par le Ku-Klux-Klan. Ce sera Native Land, long métrage dont la réalisation, par manque d'argent, durera trois ans et en restreindra considérablement la portée pratique. Quand le film est sorti en 1942, il ne pouvait plus avoir l'impact espéré : c'était la guerre et l'heure était à l'union nationale contre l'ennemi extérieur; ce fut le chant du cygne de Frontier Films.

Au début des années 30, la Dépression a jeté à la rue des millions de chômeurs qui font la queue aux soupes populaires et manifestent dans des " marches de la faim ". La politique sociale du New Deal améliore peu à peu la situation et favorise un sursaut de dignité chez les ouvriers et les fermiers, qui commencent à s'organiser dans les syndicats pour défendre leurs droits civiques bafoués par le grand patronat. Le film inclut de saisissants documents d'actualité sur la brutale et parfois meurtrière répression exercée par les milices patronales et la police officielle sur des manifestants pacifiques. Il reconstitue dans un style documentaire, avec quelques acteurs professionnels mais surtout des participants bénévoles, des faits d'injustice et de violence répertoriés dans le rapport d'une commission d'enquête du Sénat sur les violations de la Constitution et de la Déclaration des droits.

Après la guerre, lui-même en butte aux persécutions maccarthystes, Paul Strand choisit de s'installer en France, où il est mort à 86 ans, en 1976, après une féconde carrière de photographe à travers le monde.

En 1945, Claude Roy caractérisa Native Land comme un film " sobre et dur ", un " essai sur l'injustice, le racisme et le meurtre, considérés comme les beaux-arts de l'Amérique contemporaine ". Et c'est vrai que les cinq épisodes qui le composent incitaient alors à désespérer de la démocratie américaine et que les auteurs espéraient susciter une prise de conscience du public en motivant son indignation. Exaltant longuement, en introduction, l'esprit de liberté des pionniers et l'affirmation du besoin de justice par les Pères fondateurs, le film propose, parallèlement au fervent commentaire dit par Paul Robeson, un travail de raison et de conviction où la maîtrise artistique conforte l'engagement idéologique. Native Land est un film authentiquement prolétarien dont il y a eu peu d'autres exemples dans le cinéma américain, sinon Le sel de la terre (1953) et Harlan County (1977), qui ont montré, chacun à sa manière, la persistance de l'injustice et de la violence dans l'Amérique profonde. »

Marcel martin, dans Regards 41, décembre 1998

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SYNDICATS ET MOUVEMENTS CONTESTATAIRES

UNION MAIDS
J.Reichert / J.Klein / M.Mogulescu

USA 1976 16mm n&b vostf 48’

UNION MAIDS raconte une histoire peu connue : celle du combat syndicaliste au sein du monde industriel américain, et ceci bien avant l’incontournable et très médiatique Michael Moore, avec « Roger et moi ». Trois femmes remarquables font revivre cette histoire. Venues à Chicago pour y chercher du travail au moment de la grande crise économique, elles se sont heurtées à un patronat pour qui les travailleurs n’avaient aucun droit. Toutes trois ont été des pionnières de l’action syndicale à une époque où le chômage et l’inflation rendaient le travail politique encore plus périlleux. Elles racontent la lutte de chaque jour pour gagner de nouveaux travailleurs au syndicat, le racisme au sein de la classe ouvrière, les préjugés sexistes des ouvriers et des cadres syndicats à l’égard des femmes qui luttent avec eux.


ALL POWER TO THE PEOPLE !
Lee Lew Lee

USA, 1996, vidéo, vostf 115’

S’ouvrant sur un montage évoquant quatre-cent ans d’injustice raciale en Amérique, ce documentaire d’une grande force nous livre le contexte historique de l’instauration du mouvement pour les droits civiques dans les années 60. Des images rares de Martin Luther King, Malcolm X, Fred Hampton et d’autres activistes nous ramènent en ces temps tumultueux. Organisé par Bobby Seale et Huey P.Newton, le Parti des Black Panthers (Panthères noires) incarne chacune des avancées majeures dans ce mouvement citoyen qui inspira les mouvements latinos, asiatiques, amerindiens et féministes qui suivirent. Le Parti instaura la peur au sein de « l’institution » qui le percevait comme un groupe terroriste.
Des entretiens avec l’Attorney General Ramsey Clark, l’officier de la CIA Philip Agee, et les agents du FBI Wes Swearingen et Bill Turner, fournissent les détails choquants d’une « guerre domestique secrète », basée sur l’assassinat, l’incarcération et la torture comme armes de répression. Cependant, le film n’est pas une apologie des Panthers, car tout en louant leur courage et leur idéaux moraux, il décrit leur fin précoce à force de mégalomanie, de corruption et de trafics de drogue.
Largement programmé dans le monde et récompensé, ce documentaire est un regard remarquable sur les bouleversements des années 60 aux Etats-Unis et de ses acteurs principaux.

Film présenté en partenariat avec ARTE

Inédit en France
THE WEATHER UNDERGROUND
Sam Green

USA 2002 35mm vostf 92’

En octobre 1969, des centaines de jeunes gens, portant casques et barres à mine, marchèrent vers un centre commercial huppé de Chicago, vandalisant les voitures en stationnement et fracassant les vitrines des magasins sur leur chemin. Ce fut la première manifestation des « jours de colère » de The Weather Underground.
"Bonjour, je vais vous lire une déclaration d’état de guerre... dans les 14 prochains jours, nous attaquerons un symbole ou une institution de l’injustice américaine” - Bernardine Dohrn
Il y a trente ans, par ces mots, un groupe de jeunes radicaux annoncèrent leur intention de renverser le gouvernement des Etats-Unis. Des membres fondateurs de THE WEATHER UNDERGROUND, Bernardine Dohrn, Bill Ayers, Mark Rudd, David Gilbert and Brian Flanagan, s’expriment publiquement dans le film éponyme au sujet des idéaux qui les amenèrent à transposer le conflit sur le sol national ("Bring war home") et de la trajectoire qui les a placé sur les listes noires du FBI.
Outrée par la guerre du Vietnam et le racisme en Amérique, l’organisation brandit la menace d’une guerre de rue contre le gouvernement des Etats-Unis au cours des années 70, posant des bombes à travers le pays en des lieux tels le Capitole, emblématiques de la violence véritable que les États-Unis répandaient dans le monde. Le groupe organisa soigneusement un réseau clandestin, échappant ainsi à une des plus importantes chasses à l’homme coordonnées par le FBI. Cependant les membres du groupe ré-émergèrent dans un pays radicalement différent de ce qu’ils avaient pensé que leurs efforts inspireraient.
De nombreuses archives, photographies, films d’époque et documents du FBI sont imbriqués avec des entretiens récents afin de retracer le parcours du groupe, des batailles rangées avec la police dans les rues de Chicago, en passant par l’attentat au Capitole et l’évasion de prison du gourou du LSD, Timothy Leary. Le film replace les Weathermen dans le contexte d’autres mouvements sociaux de cette époque et comprend des entretiens avec des membres fondateurs des Students for a Democratic Society (SDS) et des Black Panthers. Il analyse de ce fait la répression de la dissidence orchestrée par le gouvernement américain tout au long des années 60 et 70.

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LA FICTION A LA SOURCE DOCUMENTAIRE

IN THE STREET
Helen Levitt

USA 1952 16mm n&b 16’

Co-réalisé par Janice Loeb et l’écrivain James Agee (également scénariste de “La nuit du chasseur”), un documentaire urbain filmé dans les rues pauvres d’East Harlem le jour d’Halloween. Un petit joyau désinvolte du cinéma du réel.

ON THE BOWERY
Lionel Rogosin

USA 1956 16mm en vidéo vostf n&b 65’

Lionel Rogosin, inspiré par le néo-réalisme et la recherche précoce d’un cinéma direct, participe grandement à l’invention du cinéma-vérité, parallèlement au free Cinema britannique.
Suivant une méthode empruntée à Robert Flaherty, mais augmentée de son synchrone dans certaines scènes d’intérieur, Rogosin mêle prises de vue d’ambiance et scènes jouées par les protagonistes eux-mêmes autour d’une fiction minimale : l’arrivée sur le Bowery (quartier délabré de New York où échouent miséreux, alcooliques et laissés pour compte) d’un cheminot au chômage qui se fait voler sa valise, tombe dans la débine alcoolique, avant de trouver une opportunité de s’en sortir. « Il reviendra… », prédit un des protagonistes sur le mot Fin…
Engagée socialement et esthétiquement à la fois, la caméra documentaire détoure la beauté tragique, paradoxale de ces visages ravagés, des rues où gisent ces zombies urbains au petit matin ; et la vigueur du montage souligne, sans pathos mais sans pitié, les mensonges, les larcins pour se payer un verre, les scènes de beuverie, de bagarre…
Une atmosphère et une façon de filmer qui n’est pas sans annoncer « Shadows » de Cassavettes.

François Niney, Images documentaires n°25, 1996.

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« L’AXE DU BIEN »

SALESMAN
(Le vendeur de Bibles)
David & Albert Maysles

USA 1969 16mm n&b vostf 1H30

Une étude de cinéma-vérité consacrée aux voyageurs de commerce vendant des Bibles de porte à porte pour le plus grand bien de Dieu et de la maison d’éditions qui les emploie, et constituant inévitablement une condamnation en règle de la commercialisation de la religion. On y voit des vendeurs embobiner aussi bien des prolétaires que des petits-bourgeois, les pousser à l’achat par des manœuvres bassement commerciales, exploiter de sang froid, sans vergogne, leurs craintes, leur anxiété, leur crédulité, leur superstition, leur poignant désir de souscrire une espèce d’assurance sur la vie auprès de Dieu. En même temps, il s’agit du portrait d’un démarcheur désabusé que le faible taux de réussite pousse à de tristes confidences. Un exposé impitoyable et étouffant d’une certaine réalité en Amérique.

GOD’S COUNTRY
Louis Malle

USA 1985 16mm 1H35

Glencoe est une bourgade agricole du Minnesota, qui compte une population de 5 000 habitants, possède neuf églises et aucune synagogue. Louis Malle et son équipe y arrivent une première fois en 1979 et filment la vie de cette communauté, refermée sur son propre bonheur depuis toujours. Il nous offre, non sans humour, sa rencontre complice avec quelques personnages à l’église, en train de tondre leur pelouse ou de faire du sport. Six ans plus tard, de retour à Glencoe après la crise agricole du début des années 1980, il retrouve ses personnages – des gens ordinaires – et observe la radicalisation des idées intolérantes et conservatrices de l’Amérique profonde.

KU KLUX KLAN – THE INVISIBLE EMPIRE
David Lowe & Richard Leacock

USA 1965 16mm n&b, vo non sous titrée, 50 min.

Un document exceptionnel et particulièrement dérangeant produit dans le cadre du programme télévisuel “CBS Report”, à la rencontre de Matt Murphy, chef du Conseil des United Klans of America, des Chevaliers du Ku Klux Klan, de Robert Shelton, dirigeant des Chevaliers Unis du Ku Klux Klan, et de l’ Attorney General de l’Etat de l’ Alabama, Richard Flowers. Le film, qui inclue la séquence mémorable d’un rite d’initiation, retrace l’histoire des Klans, révélant la statistique quelque peu inquiétante qu’en 1925, ceux-ci étaient puissants de 6 millions de membres et sympathisants aux États-Unis…
La situation dépeinte ici redéfinit le regard que l’on peut porter sur les luttes pour l’égalité raciale dans les années 60, rappelant le chemin parcouru par la nation américaine et celui qui lui reste encore à parcourir…

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LA PRISON, LA FOLIE, LA MORT

TITICUT FOLLIES
Frederick Wiseman

USA 1967 16mm n&b 84’

« Tourné à Bridgewater (Massachussets) dans le pénitencier psychiatrique de l’armée américaine, TITICUT FOLLIES, premier film du documentariste américain, fut interdit pendant 24 ans.
Dès sa première expérience, Fred Wiseman trouve la méthode qui fera sa marque et dont il ne se départira pas tout au long de sa fructueuse carrière : une présence assidue sur le terrain, une caméra en prise directe avec le sujet, la construction d’une dramaturgie au montage, le refus de tout commentaire. Tous les ingrédients pour un style vigoureux et un regard dérangeant sur une institution américaine. Wiseman sera accusé de voyeurisme, d’exhibitionnisme avant de devenir un maître incontestable du genre documentaire et de produire une œuvre qui fait sens. » Catalogue Dsge.

« Les prisons et les asiles psychiatriques où l’on cache les citoyens récalcitrants ou inadaptés constituent le honteux secret des sociétés civilisées. Etant donné que ces établissement appartiennent (et sont dirigés par) ceux-là mêmes qui souhaitent en préserver le mystère et que, de plus, ils sont circonscrits dans des lieux bien délimités et sévèrement gardés, il est facile d’en refuser l’accès aux cinéastes. La réalisation de Wiseman, qui est parvenu à donner naissance à ce document unique en son genre, n’en est que plus impressionnante : elle constitue une œuvre essentielle du cinéma subversif et une condamnation sans appel – et sans commentaire édifiant – du ‘’système’’. Wiseman, ainsi que son extraordinaire cameraman-anthropologue John Marshall, obtinrent officiellement l’autorisation de pénétrer dans une prison-hôpital d’Etat réservée aux déments criminels, où le film fut tourné, et s’assurèrent la coopération des psychiatres, des gardiens et des assistantes sociales qui y étaient attachés. Toutefois, l’Etat du Massachussets fit interdire par la suite la projection du film.
Le film est une galerie des horreurs aussi bien qu’une réflexion sur l’infinie capacité propre à l’homme d’annihiler chez ses congénères tout caractère humain. » Amos Vogel, in Le cinéma, art subversif.


THE ACT OF SEEING WITH ONE’S OWN EYES
(Voir de ses propres yeux)
Stan Brakhage

USA 1972 16mm couleur 30’

C’est inévitablement à un réalisateur d’avant-garde que nous devons de pénétrer pour la première fois, au cinéma, dans une morgue et une salle d’autopsie. Ce film, terrifiant, obsédant, est d’une grande pureté, d’une parfaite vérité : il montre, sans passion, tous les actes accomplis devant l’objectif : cadavres fendus en deux dans le sens de la longueur dont on extrait divers organes, dont on pompe le sang, crânes perforés à l’aide d’instruments électriques. Certaines images semblent échapper au temps : mains repliées à jamais sur elles-mêmes, regard vide, corps sectionné d’un trait rapide et habile, révélant la cavité abdominale, vêtements qui prennent soudain un aspect tragique (du fait que ceux qui les portent, victimes d’un meurtre ou d’un accident, ne pouvaient prévoir que ce seraient pour eux les derniers). La vie et la mort sont ici inextricablement liées du fait que les médecins et les infirmiers manipulent sans cesse des chairs inertes et que les mains des vivants filmées en gros plan touchent souvent celles du mort. Après chaque séance de carnage, un drap blanc vient miséricordieusement recouvrir les restes saccagés, geste symbolique que soulignent une série de rapides fondus, d’un effet obsédant. Puis la caméra parcourt (en une succession de plans très brefs filmés en travelling) un alignement de formes vagues, couchées sur des civières et recouvertes de linceuls (certains tachés de sang) qui se poursuit tout au long de galeries glaciales, faiblement éclairées d’une lumière grisâtre, dans une atmosphère surréaliste.
Un vif désir de « voir distinctement » anime l’œuvre – dont le titre est la traduction du mot grec « autopsia » - qui refuse toute sentimentalité, tout regard détourné ; cependant, en dépit de son « objectivité », le réalisateur manifeste à tous moments sa compassion et son émerveillement horrifié dans son choix des plans et des angles de prises de vues, ainsi que dans la manière dont il assure la continuité du film.
Celui-ci étant presque entièrement tourné en gros plan ou plan moyen, dans le silence le plus total, la forme et le contenu s’unissent ici à la perfection pour donner naissance à une œuvre subversive qui suscite en nous une nouvelle prise de conscience.

« Cette ultime démystification de l’homme, qui nous rappelle de manière inoubliable que nous sommes des êtres physiques, fragiles, mortels, ne renonce à la métaphysique que pour la faire réapparaître à un autre niveau ; car plus notre aspect physique est mis en évidence, plus merveilleux s’avère le mystère qui nous entoure. »
Amos Vogel.

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MEDIAS : LE JOURNALISME D’INVESTIGATION

PAUL JACOBS ET LE GANG DU NUCLEAIRE
Jack Willis et Saul Landau

USA, 1979, 16mm couleur, vostf, 60’

Dans les années 50, au Nevada, le gouvernement américain effectua une série d’essais de bombes atomiques. Ces essais furent réalisés dans des conditions de sécurité pour le moins douteuses à l’égard de la population des environs et pour les soldats qui, dans le cadre d’une préparation à une guerre nucléaire, participèrent à ces opérations avec une protection physique minimale.
Vingt à vingt-cinq ans plus tard, de nombreux cas de cancer et de leucémie se déclarèrent parmi les personnes qui avaient été exposées aux radiations ou aux retombées. Des témoignages de ces personnes ou de leur famille permettent de mesurer l’incurie du gouvernement et de la Commission à l’énergie atomique, plus soucieux de dissimuler les traces de leur incompétence que d’en réparer les effets néfastes.
C’est aussi un film sur Paul Jacobs, militant et journaliste, un des premiers à avoir dénoncé ce scandale. Paul Jacobs est mort en janvier 1978 d’une forme rare de cancer, sans doute contracté alors qu’il enquêtait sur ce sujet en 1957.

En première partie :

SURVIVAL UNDER ATOMIC ATTACK (1951, 10’)
Ce film produit par l’American Civil Defense montre les gestes qui sauvent d’une attaque nucléaire – fermer le gaz, tirer les volets et se réfugier à la cave… Un artefact de l’époque de la guerre froide, à la fois dérangeant (des milliers de vies japonaises auraient été sauvées si elles avaient su…) et hilarant dans son simplisme.

WILFRED BURCHETT, D’HIROSHIMA A HANOI
(Public Enemy Number One)
David Bradbury

Australie, 1981, 16mm couleur, vostf, 58’

« Public Enemy Number One a l’intérêt très particulier de peindre le portrait d’un non-conformiste irréductible. Le film devrait vraiment s’appeler Public Servant Number One. Wilfred Burchett fait preuve d’un grand courage moral pour résister aux pressions l’exhortant à entrer dans le rang. Le journalisme a besoin de tels esprits indépendants ». Gordon Hitchens, film journalist.

Wilfred Burchett est un journaliste australien controversé, le premier journaliste occidental à avoir commenté le bombardement atomique de Hiroshima en août 1945. Alors que quelques 250 de ses confrères couvraient la reddition du Japon, Burchett, seul, décrivit la dévastation par le nucléaire d’une grande ville, désormais officiellement interdite d’accès. « Je me doit de lancer un avertissement au monde », commence-t-il dans son article…
Par la suite, Wilfred Burchett mena ses investigation « de l’autre côté », du point de vue de « l’ennemi », d’abord en Corée, puis au Vietnam où ses articles scandalisèrent et le pouvoir, et l’opinion.
Son amitié avec Ho Chi Minh, dirigeant du Nord-Vietnam, lui autorisa de vivre parmi les Vietcongs (offrant à ce documentaire des images vietnamiennes rarement vues en occident).
Burchett fut déclaré un traître par ses détracteurs, mais il insiste sur le fait que sa responsabilité en tant que journaliste, à transmettre la vérité, en dépendait. Il ressentait que les médias occidentaux ne communiquaient qu’une version tronquée des évènements. Cela lui valut l’exil, le gouvernement Australien lui ayant refusé l’obtention d’un passeport durant 17 ans.

Le documentaire de David Bradbury, qui a reçut de nombreuses récompenses internationales, permet de soulever des questions d’une importance vitale : une démocratie peut-elle tolérer des opinions qu’elle considère comme subversives au nom de l’intérêt national ? Jusqu’où va la liberté de la presse en temps de guerre ?

Le film se grippe au moment où Bradbury accompagnant Burchett tombe dans une embuscade de la guérilla cambodgienne sur une route de montagne. Dans la pure tradition du photojournalisme, la caméra de Bradbury continue de filmer, captant la scène sanglante. Burchett échappe à la mort mais n’échappe pas à l’ironie à laquelle il a été confronté au Cambodge. Le régime de Pol Pot qu’il a d’abord soutenu a fait du Cambodge une terre de mort encore plus atroce qu’Hiroshima. Sa loyauté n’a-t-elle pas été déplacée finalement ?

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VIETNAM
La fin du rêve américain
et l’émergence d’une conscience politique contestataire aux USA

Programme 1

SYNDROME
Jack Stevenson

USA 2004 16mm couleur & n&b 60’

« SYNDROME est une séance 16mm en double projection conçue comme une exploration de la mémoire collective Américaine telle que représentée par le biais du film d’éducation. En juxtaposant les extrêmes de cette période, je compte évoquer l’essence de la mémoire historique, pour ainsi dire les fantômes.

L’Amérique des années 60 était profondément schizophréne. C’était une société obsédée par le superficiel de l’étiquette, une société qui gavait ses citoyens d’un régime de films de classe qui insistaient sur l’importance de la bienséance, être poli et agréable – l’importance du sourire – tout en déclenchant une guerre sanguinaire en Asie du sud-Est. Une guerre qui, quand elle fut rendue visible, vint à hanter l’Amérique et à la bouleverser, et les rêves superficiels d’un monde fait de plaisante contenance s’effondrèrent. C’était une guerre qui corrodait le sens même de l’identité Américaine, de la même manière que la guerre en Irak aujourd’hui.
Cette représentation cinématographique souligne cette schizophrénie en confrontant la dimension naïve, optimiste, superficielle des films comportementaux avec des images négatives et horribles – des films militaires révélant la réalité brutale du conflit vietnamien. Il s’agit d’un contraste percutant entre la réalité escamotée et une surface artificielle rutilante, entre deux visions de l’Amérique – entre les deux hémisphères du cerveau de l’Amérique.
Les spectateurs sont prévenus : les images par moments sanglantes sont au-delà du supportable, mais encore une fois, il s’agissait – il s’agit – du réel. » J.S.

Programme 2

MICKEY MOUSE AU VIETNAM
Lee Savage

USA 1968 16mm n&b 2’
Mickey s’engage dans l’armée, débarque au Vietnam et se fait immédiatement tuer. Le mythe américain s’effondre ici de manière implicite par l’atteinte à un symbole populaire et national, et plus encore à une image de l’enfance.

ARMY
Production Cinéma Rouge

France 1967 16mm n&b 15’
La préparation des GI’s à la guerre du Vietnam et la lutte des anciens combattants et des déserteurs contre la guerre.

TECHNOLOGIE DU GENOCIDE
The DRVN Commission of US war crimes in Vietnam

USA 1967 16mm n&b 15’
Exposé sur les armes que l’armée américaine utilisa pendant la guerre du Vietnam contre les populations. Le raffinement technologique au service de la mort.

LA GUERRE CHIMIQUE
Services Cinéma République Démocratique Nord Vietnam

Vietnam 1967 16mm n&b 15’
Les effets sur la nature et les hommes des armes employées par les Etats-Unis au Vietnam.

INTERVIEW WITH MY LAI VETERANS
Joseph Stricke

USA 1971 16mm couleur 20’
(vo avec sur-titrage vidéo)

Une série d’entretiens, vierges de toute censure, avec des anciens combattants américains ayant pris part aux massacres de My Lai. Le film, une étude profondément traumatisante, traite de la manière dont un assassin envisage, provoque et commente la mort de ses victimes. De jeunes américains bien nets, alors rentrés dans le civil, racontent, avec des sourires contraints et une feinte indifférence, dissimulant leurs remords et restant sur la défensive, comment et pourquoi ils sont devenus des assassins. Brisés par la guerre, espèces de morts-vivants incapables de se sentir coupables d’actes appartenant à un passé dont ils se sont dissociés, ils font figure de victimes tout autant que de bourreaux. Leur franchise sans artifice est garante de la véracité des accusations atroces qu’ils portent contre eux-mêmes. C’est le fait que nous acceptions leurs déclarations comme véridiques qui confère à cette œuvre sa portée séditieuse, écrasante, et la distingue des films de pure propagande.

Programme 3

LOIN DU VIETNAM
Un film collectif réalisé par Joris Ivens, Chris Marker, William Klein, Alain Resnais, Jean-Luc Godard, Agnès Varda, Claude Lelouch…
France 1967 35mm 120 ‘

En présence de Laurent Véray, auteur d’un essai paru dans les Cahiers de paris Expérimental, 2004.

Riposte à l'aliénation du discours dominant et à l'usage simpliste des images, cette oeuvre multiple, protéiforme et pourtant très cohérente dans sa globalité est une enclave dans l'histoire du cinéma contestataire.
Le dispositif expérimental sur lequel repose ce film ¬mobilisant durant l'année 1966 un grand nombre de collaborateurs (cinéastes, comédiens, écrivains, journalistes, techniciens...) autour de Chris. Marker ¬, démontre pleinement que les préoccupations politiques ne sont pas incompatibles avec les questions esthétiques.

« Pour protester contre l’intervention américaine au Nord-Vietnam, une production classique de long métrage est mise en route avec, à la clé, une diffusion normale hors des « ghettos ». Caution morale et artistique, les jeunes prodiges du cinéma français de l’époque (1967) : Resnais, Godard, Varda, Klein et Lelouch sont au générique. Chacun a livré ses images. Parfois en vrac, parfois déjà montées. Mais les séquences restent anonymes (...) La force du documentaire, c’est son propos clair et partisan. Images-preuves à l’appui : cette guerre est une guerre de riches (les Américains) désarçonnés par la force morale des pauvres (les Vietnamiens). Un film exceptionnel où l’on constate une fois de plus que l’auteur de La jetée, Chris Marker, est un maître : c’est lui qui, dans l’ombre, a donné forme à cette aventure collective. Il a réuni les pièces d’un puzzle pour faire de ce film-banderole une sorte de poème politique qui nous concerne tous. » Philippe Piazzo - Telerama

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WAR PROPAGANDA SHOW

Une sélection de films, clips et publicités de propagande de guerre
... et quelques détournements

YOUR JOB IN GERMANY
Frank Capra

USA 1945 16mm n&b vo non sous titrée 15’
Conçu pour un usage strictement militaire (le film est tombé dans le domaine public en 1982), voici un exemple (décliné également sur des images du Japon occupé, dans OUR JOB IN JAPAN) de propagande haineuse à l’intention des soldats américains stationnés dans une Allemagne tout juste vaincue. Capra condamne avec fiel le peuple allemand dans son entier, le rendant responsable de trois guerres, stigmatisant sa soif inextinguible de conquêtes et de supériorité sur les autres peuples. Un exemple édifiant de manipulation émotionnelle, images d’atrocités à l’appui, dépourvu de discernement, impliquant nécessairement un mauvais traitement des populations occupées. La même méthode a été employée pour les conflits en Afghanistan et en Irak…

CEREAL TV COMMERCIAL
Un réclame Nabisco mettant en scène un petit garçon vante les produits qu’on peut commander au dos d’un paquet de céréale : tanks, bombardiers, croiseurs et autres jouets guerriers.

STATE OF THE UNION
Brian Boyce

USA 2001 DVD couleur 2’
Des images de George W.Bush piratées sur CNN sont combinées à un clip des Télétubbies...

EDUCATION FOR DEATH
et DER FUHRER FACE
USA années 40 16mm couleur
Deux dessins animés de propagande produit par Disney, au contenu bien peu recommandable aux enfants. Le premier décrit sur un ton réaliste l’endoctrinement des jeunesses hitleriennes et la menace d’une Allemagne totalitaire jusque dans l’air qu’elle respire, le second est une aventure cauchemardesque de Donald au pays des nazis, dont l’épilogue surprenant a depuis valut au film une interdiction totale…

OPERATION DOUBLE TROUBLE
Keith Sanborn

USA 2003 DVD couleur 10’

OPERATION DOUBLE TROUBLE détourne un film de propagande intitulé ENDURING FREEDOM : THE OPENING CHAPTER (Liberté durable : Premier Chapitre). Ce film a été produit afin d'être passé au cinéma, tourné en vidéo haute définition, Il s'agit d'une collaboration entre le corps des Marines américains et la Navy.
L'original visait à donner "un visage humain au militaire." Cette version ramène à la surface les manipulations stratégiques de l'original - en terme de montage et d'idéologie- de ce qui semble constituer un moment critique dans l'évolution historique du rôle de l'armée dans la politique américaine. L'effet produit me rappelle la gêne qu'on éprouve quand on parle au téléphone à grande distance, et que, par accident, après un petit temps, chaque parole prononcée est suivie d'un écho. C'est un exemple de ce que j'appelle les "Hoquets Brechtiens", des accidents technologiques qui nous distraient, de telle sorte qu'ils nous donnent la possibilité d'une compréhension alternative de cette technologie et de notre relation avec elle (…) Ils destabilisent la transparence du code. Les hoquets brechtiens existent dans une zone contrôlée par des hasards. L'habitude d'une immersion active dans le média m'a fourni l'intention du film (...) Ce travail s'applique à infléchir l'histoire de la guerre à l'ère de l'information.

ARCHIVOS BABILONIA 1999-2003
L’Observatori de Video Non Indentificat (OVNI) est un collectif basé à Barcelone, organisateur du festival du même nom. Les « Archivos Babilonia » est un projet d’archéologie médiatique contemporaine, qui répertorie les documents les plus obscurs des intérêts de « l’Empire » : promotion des industries militaire, pharmaceutique, numérique et de leurs liens avec les gouvernements.
La plupart de ces documents n’ont pas été conçu dans une perspective pérenne, mais pour remplir des fonctions immédiates et concrètes : formation, promotion… C’est pour cela que, extraits de leur contexte temporel ou corporatiste, ils révèlent un faisceau d’intentions, d’objectifs et de moyens, surprenants ou inquiétants qui offrent une nouvelle lecture de la publicité de consommation courante à laquelle nous sommes plus ou moins habitués ou assujettis.
Les archives sélectionnées ici s’attacheront plus précisément à la propagande de guerre nord-américaine qui a suivi les attentats du 11 septembre 2001.

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Programme SEPTEMBER 9/11

SITE
Jason Kliot

USA, 2001, vidéo couleur, 8’

Bien avant Michael Moore dans ’’Farenheit 9/11“, Jason Kliot, se détournant du « Ground zero » a tourné sa caméra vers le visage de témoins des attentats contre le WTC à NY, accompagnant son film de la musique d’Arvö Paart, ici ’’Spiegel im spiegel“.

OUR FORMER GLORY
Robert Todd

USA, 2001, 16mm, 8’

Un requiem expérimental aux victimes du 11 septembre.

THAT’S ENTERTAINMENT
Derek Woolfenden

France, 2004, vidéo couleur, 9’

Un collage controversé et jubilatoire de séquences de films-catastrophe hollywoodiens et de scènes « réelles » du 11 septembre : il s’agit bien ici d’un spectacle, dénonçant et jouant tout à la fois avec l’avidité morbide des médias, filmé en Super 8 sur un écran de TV.

A ROOM WITH A VIEW IN THE FINANCIAL DISTRICT
Carola Dertnig

Autriche, 2001/02, vidéo couleur, 5’

Réalisé l’été 2001 durant une résidence d’artiste au World Trade center. Des images de bureaux désertés, les débris d’une journée de labeur et les reliefs des réunions. La voix-off de la narratrice évoque les trajets de milliers de personne chaque jour sur une série de plans fixes dénués de toute présence humaine, comme une anticipation sourde des évènements à venir.

UNTITLED
Fiorenza Mennini

France, 2001, vidéo couleur, 22’

Un plan fixe de 22’ sur les Twin Towers, le temps réel qui s’écoule entre l’effondrement de la première tour puis de la deuxième. Un document, un témoignage.

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L’ACTUALITE PRESIDENTIELLE

LE MONDE SELON BUSH
William Karel

en collaboration avec Eric Laurent
France 2004 vidéo 1H30

À huit ans d’intervalles, Georges Bush et son fils, W., se sont succédé à la tête du pays le plus puissant de la planète. Un phénomène sans précédent dans l’histoire américaine. Les évènements majeurs, au cours des douze dernières années, se sont déroulés sous leurs présidences : Effondrement de l’empire soviétique et du bloc communiste, première Guerre du Golfe, événements du 11 septembre, globalisation du terrorisme et nouveau conflit avec Bagdad…
Qui sont les Bush ?

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En apparence la « dynastie tranquille » de l’Amérique. En réalité, une « dynastie » dont les secrets de famille insoupçonnables sont soigneusement enfouis. Le grand-Père de l’actuel Président, Prescott Bush, a fait fortune en prenant la direction d’entreprises nazies, après l’arrivée au pouvoir de Hitler. En 1942, ses entreprises ont été saisies, pour collaboration avec l’ennemi. Bush père, vice-Président de Ronald Reagan puis Président à partir de 1988, a armé et financé Saddam Hussein. Il a donné son accord à l’expédition de souches d’armes biologiques à l’Irak, facilitant les attaques à l’arme chimique contre les troupes iraniennes et la population kurde.
Ce film propose de passer de l’autre côté du miroir et de découvrir que les Bush, père et fils, ont non seulement dîné avec le diable, mais qu’ils se sont souvent invités à sa table. Les Ben Laden et les Bush ont toujours été associés en affaires et la famille du futur chef terroriste a financé, indirectement, la carrière politique de George W. Bush. Cette alliance contre-nature s’est prolongée au-delà des attentats du 11 septembre : Bush Père est un des principaux responsables du plus gros fonds d’investissement privé des Etats-Unis, Carlyle, qui a beaucoup investi dans le secteur de l’armement. Les chars Bradley et les missiles utilisés pendant la dernière guerre contre l’Irak, sont fabriqués par des firmes contrôlées par Carlyle… et les Ben Laden, puisque ces derniers sont des associés de Bush au sein de ce fonds d’investissement.
« Le Mystère Bush » s’appuie sur des faits dûment vérifiés et des témoignages. Il offre un tableau inquiétant et saisissant de l’exercice du pouvoir suprême à la tête de la première puissance du monde, mais aussi des alliances inavouables qui ont pu être tissées et qui demeurent soigneusement occultées.
Il existe chez les Bush un sentiment absolu d’impunité qui atteindra des sommets tout au long de la trajectoire politique de Georges W. Bush. Sa décision d’attaquer l’Irak et de renverser le régime de Saddam Hussein constitue d’ores et déjà une des plus fascinantes énigmes politiques sur laquelle les historiens se pencheront dans les années à venir.
Aucun thriller ni scénario de politique-fiction n’aurait pu imaginer les mécanismes d’une intrigue aussi bien tissée dont les protagonistes, hélas, ne sont pas des personnages de fiction, mais avant tout un homme et son équipe qui tiennent le destin du monde entre leurs mains. Pour la première fois dans l’histoire politique américaine, un petit groupe d’hommes, uni depuis trente ans, a réellement pris le contrôle de la politique étrangère américaine, faisant taire toute opposition. Derrière ce projet géostratégique affiché, se cachent non seulement des intérêts économiques considérables, mais aussi une vérité encore peut-être beaucoup plus inquiétante, un projet religieux, auquel Georges W.Bush s’identifie totalement, initié par les extrémistes qui constituent l’entourage direct de Georges W. Bush. Jamais avant son arrivée à la Maison Blanche, la religion n’avait pesé d’un poids aussi écrasant.
Jamais dans l’histoire des démocraties, un homme et son équipe n’ont agi avec une telle arrogance, faisant fi de la légalité internationale, et aboutissant à une collusion d’intérêts sans précédent : projet politique et intérêts personnels totalement imbriqués, baignant dans un cynisme absolu. La dernière guerre contre l’Irak, aux conséquences totalement imprévisibles, cache un autre danger : celui de voir l’Amérique s’installer à la tête de nouvelles missions « civilisatrices » du même type, imposées par la force, mues par des idées au mieux naïves, au pire totalement hypocrites, et pensées sur un avenir dangereusement court.
Avec, face à Washington, un monde cantonné au rôle de simple figurant…



LIBERTY BOUND
Christine Rose

En collaboration avec Howard Zinn
USA 2004 1H30

« Disciple de Michael Moore, l'Américaine Christine Rose ne cache pas ses objectifs : "J'ai compris que les citoyens américains ne savaient pas ce qui se passait dans leur propre pays. Faire ce film était de mon devoir de citoyenne." Se filmant au cours de ce qu'elle appelle un voyage au pays du mensonge et de la corruption, cette militante écologiste signe avec Liberty Bound un violent pamphlet où les analyses d'un historien ou d'un sociologue voisinent avec des documents bruts, des montages d'archives et des témoignages accusateurs. Certains éléments de sa dénonciation des exactions et manipulations du gouvernement Bush recoupent ceux de Michael Moore, mais ce qu'elle s'applique à démontrer, c'est le basculement des Etats-Unis dans le fascisme.
Deux enquêtes étayent son propos. La première recense un certain nombre de citoyens américains ayant fait l'objet d'interrogatoires musclés des services secrets, d'arrestation, de peine de prison pour avoir tenu des propos anti-Bush, avoir acheté un tee-shirt dénonçant la guerre en Irak. Ces exemples de violations des libertés civiques sont assorties d'une comparaison entre Bush, le "Führer du nouvel ordre mondial", et Hitler. Epaulée par l'historien Howard Zinn, Christine Rose met en parallèle arguments et méthodes des deux "dictateurs". Si Bush, égrenant lors d'un discours en 2003 les maux du siècle, parle de l'hitlérisme, du communisme, du militarisme, sans pouvoir prononcer le mot "fascistes", "c'est qu'il en est un", dit-elle. »
Jean-Luc Douin, Le Monde, 23 juin 2004.

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conception graphique de la brochure : Laurent Agut & Angelika Bauer
http://www.la-projects.com/


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