LE MOIS DU FILM DOCUMENTAIRE
NOVEMBRE 2015


CLIMATS
BIBLIOTHÈQUE MÉRIADECK
AUDITORIUM JEAN-JACQUES BEL
85 Cours Maréchal Juin, 33000 Bordeaux

MERCREDI 25 NOVEMBRE À 19H
CARTE BLANCHE À L'ASSOCIATION MONOQUINI


ENTRÉE LIBRE


Christina Hemauer & Roman Keller
Deux films


SUN OF 1913
(Suisse/Égypte, 2009, vidéo, couleur, vf, 18 min.)

Résultant d'une installation lors de la 11ème Biennale Internationale du Caire en 2008, SUN OF 1913 repose sur une simple et unique action, celle d'un peintre en bâtiment écrivant une phrase en anglais et en arabe. Une voix-off revient sur un épisode clé mais oublié de l'histoire naissante de l'exploitation de l'énergie solaire. La première centrale d'énergie solaire au monde fut construite par l'inventeur et ingénieur américain Frank Shuman à Maadi, près du Caire en Egypte. Elle fut inaugurée le 11 juillet 1913 mais fut abandonnée moins d'un an après avec le déclenchement de la première guerre mondiale et l'exploitation prioritaire du pétrole qui a profondément modelé l'histoire du XXème siècle et l'aube du XXIème. Cette "victoire industrielle sur le soleil" qui a fêté son centenaire en 2013, peinte en arabe sur un mur, est l'avertissement prémonitoire de Shuman de ne pas abandonner cette inépuisable ressource naturelle qu'est l'énergie solaire, au risque pour l'humanité de retourner à la barbarie.


C'est en 1913 que Frank Shuman, ingénieur et inventeur américain, inaugure le premier générateur solaire à grande échelle, à Maadi, près du Caire. Il met en place une surface de capteurs solaires de 1240 m2, produisant assez d’énergie pour une pompe d’alimentation en eau des terres agricoles. Le fonctionnement de cette invention est plus rentable qu’une usine de même capacité à base de charbon. L’installation est mise en service avec succès et Shuman est au centre de l’attention du public international pour une courte période. En effet, son engin n’est utilisé qu’une seule année.
La première Guerre Mondiale a précipité la prédominance mondiale du pétrole et met un terme provisoire à toute tentative de poursuivre le développement de sources alternatives d’énergie sur une grande échelle. Le pétrole a par la suite façonné l’histoire du XX° siècle et continue d’être un facteur important dans les affaires mondiales, tout en étant toujours la cause de tensions géopolitiques et de luttes de pouvoir.

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A ROAD NOT TAKEN
(Suisse, 2011, vidéo, couleur, vostf, 66 min.)

C’est dans le Maine, au Nord-Est des Etats-Unis, que sont entreposés 32 capteurs solaires installés en 1979 par Jimmy Carter sur le toit de la Maison Blanche et qui furent retirés peu après par Reagan, son successeur. Ces panneaux ont été récupérés par l'Unity College. Un universitaire a perçu leur valeur symbolique et a décidé de les sauver du rebut.

Hemauer et Keller réalisent ici un documentaire où deux de ces panneaux solaires sont les acteurs principaux. Ceux-ci sont désormais exposés au Musée d’Histoire Naturelle américain et au Musée Jimmy Carter à Atlanta en Georgie. Les deux artistes suisses nous font découvrir le parcours de ces deux panneaux qui ont joué un rôle prématurément avorté dans l’Histoire américaine.

C’est sous la présidence de Jimmy Carter que les questions énergétiques et environnementales sont devenues fondamentales aux États-Unis. Carter a cherché à sensibiliser les citoyens américains de la nécessité d'une consommation énergétique raisonnée et de la voie qu'offraient les énergies naturelles et renouvelables.
Au moment où Carter accède à la Maison Blanche en 1977, on utilisait seulement 6% d’énergie renouvelable dont la plus grande partie était hydroélectrique. Quand il quitte la présidence, on en utilisait 9%. Reagan, son successeur, quant à lui, ne s’intéressait pas aux énergies renouvelables et fit en sorte de revenir au pourcentage initial.

Le jour même où Carter prend son poste de président et prête serment, il assiste au défilé depuis sa tribune, laquelle est chauffée à l’énergie solaire à sa demande. À la Maison Blanche, il impose que le personnel utilise du papier recyclé et il instaure un programme de recyclage. Il exige également que le reste du gouvernement fédéral suive cette démarche : utiliser des produits recyclés et recycler. Carter fait également éteindre ou réduire l’éclairage des monuments et bâtiments qui sont simplement décoratifs. Dans son premier discours à la nation diffusé sur toutes les chaines de télévisions nationales, il se concentre d’ailleurs sur l’énergie et la protection de l'environnement.

Dans les années 1970, Carter était déjà conscient du problème immense qu’allait progressivement devenir la question des ressources énergétiques. En effet, il affirmait : « Un de nos projets les plus urgents est de créer une politique énergétique (…) à part éviter la guerre, c’est le plus grand défi auquel le pays sera confronté de notre vivant. (…) La crise de l’énergie ne nous a pas encore vaincu mais elle le fera si on n’agit pas rapidement. Nous ne pourrons résoudre ce problème dans les prochaines années, et il va probablement s’aggraver d’ici la fin du siècle. » Carter, visionnaire, s’inquiétait pour les générations à venir et prévoyait déjà l’épuisement des énergies fossiles, portant tous ses espoirs dans les énergies renouvelables.


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À PROPOS DES AUTEURS
Le travail artistique du duo suisse Christina Hemauer et Roman Keller témoigne d’un militantisme écologique et politique poussé. Les deux artistes suisses travaillent depuis plusieurs années déjà sur l’héritage de la crise pétrolière des années 1970, la relation entre l’énergie et le pouvoir et son impact sur la mémoire collective et les rapports humains. En 2006, ils annoncèrent l’ère du «Post-pétrolisme» avec un manifeste et une stèle commémorative marquant la fin de l’ère de l’énergie fossile.
www.hemauer.ch/

Christina Hemauer est née à Zurich en 1973. Elle a fait ses études à l’Université des Arts de Zurich et à l’Académie des Arts de Gand en Belgique.
Roman Keller est né à Liestal en 1969. Il est titulaire d’une maitrise en sciences de l’environnement de l’Institut Fédéral suisse de technologie ETH de Zurich. Après une formation de photographe notamment à l’Ecole des Arts Visuels de New-York, il enseigne la photographie d’art.

Les deux artistes travaillent et exposent ensemble depuis 2003.