BERLIN UNDERGROUND
BERLIN OUEST 1978-1984
FILMS & MUSIC


JEUDI 28 MAI à partir de 21H
LE PÉTROLIER
1 Quai Armand Lalande | Bordeaux Bacalan
Tram B : arrêt Bassins à flot
www.myspace.com/lepetrolier




PROJECTIONS
Berlin super 8(0)



Rolf S.Wolfkenstein. Photo : Me Raabenstein


Une sélection de courts métrages et de clips musicaux en Super 8 réalisés à Berlin Ouest entre 1978 et 1984.
Le label Monitorpop est à l’initiative de l’édition d’un DVD (aujourd'hui épuisé) qui retrace l’ébullition de la scène underground à Berlin-Ouest entre 1978 et 1984, terrain sauvage
d’expérimentation pour les artistes et les musiciens. Le format cinéma Super 8 fut un medium privilégié d’expression qui justifie cette compilation de 2 heures en 18 films ponctués de stridences electro punk et industrielles, où l’on croise ou côtoie Valie Export, Einstürzende Neubauten, Die Tödliche Doris, Malaria, Mona Mur, Jörg Buttgereit et beaucoup d’autres. Nous en présenterons (en vidéo) quelques extraits.
www.monitorpop.de


So war das S.O. 36
(1982 / projection Super 8 très sonore ! / 1H30)

"C'était le S.O. 36" : Un documentaire de Manfred Jelinski & Jörg Buttgereit, produit par Marcel Vitesse, consacré au fameux club punk/expérimental du quartier de Kreutzberg, lieu de rencontre des "Nouveaux Fauves" (Und die neuen wilden) dirigé par Martin Kippenberger et Andreas Rohe. Ce fut durant quelques années une scène clé de Berlin où se produisirent de nombreux artistes (dont Throbbing Gristle, Lydia Lunch, Dead Kennedys et bien sûr une flopée de groupes allemands : Einstürzende Neubauten, P1/E, Malaria, System, Heino, Lorenz Lorenz, Die Tödliche Doris, Die Ich's, TV-War, Die Toten Piloten, Beton Combo, Tanzmuzik, Carambolage, Hoch Tieff, Onkel Polle...) et où se tint le premier festival ATONAL consacré aux musiques industrielles. Manfred Jelinski fut un chroniqueur incontournable issu de l'importante mouvance de cinéastes Super 8 à Berlin, avant de produire les films de Jörg Buttgereit qui gagna ses lettres de stupre et de sang avec les fameux Nekromantik 1 et 2, Schramm, Der Todesking...


Retour sur images du festival Geniale Dilletanten
extraits des concerts et performances donnés au Berlin Tempodrome, le 4 septembre 1981
(Einstürzende Neubauten...Gut und Bargeld... Die Tödliche Doris...Sprung aus den Wolken...Sentimentale Jugend (Alexander Hacke + Christiane F.)...Leben und Arbeiten...Wir und das Menschliche e.V....Vroammm !)

Einstürzende Neubauten. Photos : Ilse Ruppert



Frieder Butzmann



Musiques d'ambiance, interludes, bruits et sonorités diverses :
DJ SUPERLOVE fera grésiller les platines, cure de jeunesse auditive pour les enfants turbulents des 70's


Injection

Heidi / Kippi / Kitten (Heidi Klum)


Le jeudi 28 mai 2009 à partir de 18H30, le Frac Aquitaine inaugure sa nouvelle expo au Hangar G2, quai Armand Lalande à Bordeaux-Bacalan :

"Heidi au pays de Martin Kippenberger"
(toutes les infos sur www.frac-aquitaine.net).
Cette exposition est le fruit d'un partenariat entre la région Aquitaine et le Land de Hesse en Allemagne.
On peut littéralement se demander ce que vient fourrager la pure orpheline des Alpages, héroîne Suisse du conte tartignole pour petites filles créé par Johanna Spyri, chez un artiste allemand, allumé et alcoolo qui, entre autres excentricités, faisait une fixation sur tout ce qui s'appelait Capri, de la Ford (voiture de sport du pauvre) à la pizza (pas spécialement un plat de luxe non plus).
Feu Kippen n'était point Berger. Néanmoins, Heidi a quitté un temps son alpestre bicoque pour l'industrieuse Frankfurt-am-Main où Martin posa brièvement ses valises, enseignant en 1992 à l'Université de Kassel, à plus de 110 ans d'écart et autant de kilomètres : incontestable coïncidence qui justifie ce titulo d'expo tiré par les couettes.


Grimm versus Spyri

Pour "entrevoir la portée artistique de Kippenberger (...) à travers le prisme d’un conte pour enfants" (dixit le communiqué de presse du Frac), au-delà de l'adaptation vidéo crapoteuse de "Heidi" offerte par les potaches Mike Kelley et Paul McCarthy, on peut imaginer que les frères Grimm auraient davantage fait liant avec leurs merveilleux contes à dresser les cheveux sur la tête, d'autant plus qu'ils sont nés à Hanau près de Francfort et qu'ils ont passé la majeure partie de leur existence à Kassel.

Si le choix de Heidi reflète peut-être ici une sensibilité féminine empreinte de réminiscences enfantines, la référence aux rapporteurs de la légende de Hänsel et Gretel, qui puisent dans l'effroyable tradition populaire (épidémies, famine, cannibalisme, ogres de tous poils) travaille un subconscient aux soupçons politiquement incorrects.
Pas parce qu'au lendemain de la seconde guerre mondiale, les frères Jacob et Wilhelm, accusés inconsidérément d'avoir pu en partie influencer les atrocités nazies au travers des légendes et contes cruels de la vieille Allemagne, ont été interdits de diffusion par les alliés (cf. Jack Zipes, "The Struggle for the Grimm's Throne : The legacy of Grimm's Tales" in "The Reception of Grimm's Fairy Tales in the FRG and GRD since 1945" (p 167) publié par Donald Haase et consultable sur internet). Plus parce que si on tire un peu plus le fil rouge, on apprend que Hans et Grete étaient les sobriquets d'Andreas Baader et Gudrun Ensslin.

La destruction par bombes incendiaires artisanales de deux grands magasins à Francfort en avril 1968 - alors centre économique et financier de l'Allemagne de l'Ouest - inaugura une série d'attentats extrêmement ciblés (intérêts militaires nord-américains en RFA durant la guerre du Vietnam, police, juges, groupe de presse réactionnaire Springer) qui entérinèrent la fondation de la Fraction Armée Rouge (RAF / Rote Armee Fraktion). "Hans", "Grete" et leurs camarades entrèrent ainsi dans la légende nullement féérique des mouvements clandestins de contestation violente et de lutte armée.


Art Attack

Kippi dans ses œuvres (archives 4taxis)

On a envie de rapprocher Kippenberger de la notion d'attentat : à l'égard des règles, des goûts et des moeurs du marché de l'art, du bienséant et du bien-pensant (tout le monde s'accorde aujourd'hui pour dire qu'il était génial quand de son vivant, il faisait grincer des dents). Alors que la RAF dénonçait notamment la réhabilitation d'anciens SS au sein des hautes sphères de l'industrie et de la finance dans le processus de reconstruction de l'Allemagne des années 60/70, Kippenberger en rajoutait une couche dans les années 80 en peignant des croix gammées; mais face à l'hostilité de la critique, il se mit tout seul au coin avec un bonnet d'âne et jura qu'on ne l'y reprendrait plus.
A l'instar d'un personnage mélancolique de conte, l'artiste prolifique et pluridisciplinaire rompit paradoxalement avec le milieu artistique en s'exilant au cœur de la Forêt Noire. ("Foie crevé, psychée crevée", selon Guido Schirmeyer, éditeur de "Happy-Happy", 1981)

D'autres seront bien mieux qualifiés que nous pour saluer la mémoire et la démarche de l'artisterroriste, talentueux trublion. Nous, nous contentons de tirer un peu plus sur les couettes car en mai, chacun fait ce qu'il lui plaît.
Kippenberger nous fait envie car il a contribué à l'underground, non pas hessois, mais berlinois à la charnière grinçante des années 70/80, en dirigeant le club S.O.36 avec son complice Andreas Rohe, éphémère tentative de concilier la scène punk et la Neue Deutsche Welle (new wave allemande) avec l'art. La confrontation fut cependant violente et Kippi dut reprendre ses billes.

en haut : article de presse relatant la bataille rangée entre autonomes de Kreutzberg et clients du S.O.36, provoquée par l'imposition d'un droit d'entrée au club et l'augmentation du prix des bières.
en bas : Martin Kippenberger, après son "dialogue avec la jeunesse" (archives 4taxis)

"En 1978, Martin Kippenberger, le gérant du S.O.36, entra dans un fatal mais aujourd'hui légendaire dialogue avec la jeunesse d'alors. Quand il augmenta le prix du ticket d'entrée et des boissons, il eut à affronter "Jenny the rat", une rencontre durant laquelle elle lui démolit le visage (Jenny était une adolescente punk affublée d'un rat blanc teinté en rose). Il photographia sa tête bandée et intitula l'œuvre : Dialog mit der jugend. Il partit ensuite à Paris où l'art ne percutait pas aussi lourdement. Kippenberger avait mené le premier dialogue entre l'art et le punk, Jenny n'étant que de trois ans sa cadette." Wolfgang Müller, Chaotic Holidays, in Punk - No one is innocent / Kunsthalle Wien, 2008.

Un peu plus en amont du lieu du vernissage, au number One de ce même quai Lalande, au Pétrolier, on allume les projecteurs et alors Heidi troque la peau de mouton contre la veste de cuir et les bouclettes pour la mêche péroxydée, Heidi se trouve une nouvelle famille parmi les artistes, les anars, les punks, les autonomes, les activistes, les squatters de Kreutzberg, Heidi walks on the west, wild side of Berlin, hi hi. Au risque, en allant au pays temporaire de Martin Kippenberger, de se faire marcher sur les pieds au rythme d'un pogo robotique. Ce pays, c'est le S.O.36, au 190 d'Oranienstrasse, au milieu d'une île nommée Berlin. Notre soirée au Pétrolier est un clin d'oeil au beurre noir à Martin K. pour une évocation des expérimentations musicales et filmiques en Super 8 qui se déroulaient au pied du Mur, dans la ville close d'avant la chute.

Dédicace maousse au S.O.36 sur le Mur, posée sur le manifeste des "Geniale Dillentanten" de Wolfgang Müller de Die Tödliche Doris, publié en 1981 par Merve Verlag, la plus petite maison d'édition Berlinoise (archives 4taxis)


Photos, de haut en bas et de gauche à droite : Ilse Ruppert, Peter Gruchot (x 2), Petra Gall

Kippenberger nous livre sa biographie ici :
http://www.tate.org.uk/modern/exhibitions/kippenberger/biography.shtm (english)

Chaotic Holidays, le texte intégral de Wolfgang Müller, extrait de Punk. No one is innocent : art - style - revolt. Kunsthalle Wien, Verlag der kunst, Nürnberg 2008 :
www.martin-schmitz-verlag.de/Wolfgang_Mueller/Texts.html

Le site de Wolfgang Müller :
www.wolfgangmueller.net

Merci pour le prétexte au Frac Aquitaine, à la région Aquitaine et au Land du Hesse, qui ne nous ont pas sonné et qui ne sont nullement nos sponsors (Independant Project Illimited).
Merci pour la réalisation de la soirée : Freakdead et Le Pétrolier, Werkstattkino, Monitorpop, Vinyl-on-demand, Stéphane, Carole, Mélanie, et tous les amis.
Merci pour les archives fabuleuses : 4taxis (Michel Aphesbero & Danielle Colomine)



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