Tous les jours à partir de 19h :
APÉROPTIC
Projection d’un ou plusieurs courts métrages en vidéo ou 16mm

Mercredi 23
19h


QUE S’EST-IL PASSÉ EN MAI ?
Jean-Paul Savignac
France / 1968 / n&b / 17 min.

Juste après Mai 68, une caméra explore Paris en cherchant les signes qui témoignent des affrontements passés. Les images de pavés, de graffitis ou d'affiches arrachées, l'omniprésence des forces de l'ordre, des dessins d'enfants, tout se constitue en mémoire d'une ville où l'ordre règne.

Décorateur puis assistant pour des cinéastes comme Godard, Demy ou Varda, Jean-Paul Savignac réalise, quelques semaines après les événements, ce documentaire poétique. On y trouve réunis certains traits stylistiques du jeune cinéma des années 1960 : travellings dans la rue, décalage entre l’image et le son, mélange de registres, montage rythmique sur fond de jazz. Bien plus libertaire que gauchiste, le film affiche un esprit d’insolence qui voisine avec une forme de mélancolie, voire de désenchantement. Dans ce quartier qui fut celui des situationnistes, et en écho peut-être à leurs slogans de Mai, Savignac enregistre la transformation de l’espace public où le commerce et la publicité gagnent du terrain. (David Benassayag)

Suivi de Ciné-tracts et d’un extrait en 16mm du FOND DE L’AIR EST ROUGE de Chris Marker

20h30

TAKING OFF
Milos Forman

États-Unis / 1971 / coul / 16mm / VOSTF & NL / 1h33
Avec Lynn Carlin, Buck Henry, Linnea Heacock

Pendant que les parents se font psychanalyser, les enfants fuguent et fument. Le 1er film américain d’un cinéaste tchèque exilé dissèque avec humour les mœurs de l’époque.

Analyse détaillée du film par Olivier Bitoun ici ! (attention : spoiler !)

Jeudi 24
19h


LE SEXE ENRAGÉ 
Roland Lethem

Belgique / 1969 / coul / 21 min.

« Dans chaque grande ville, il y a une volière. Dans chaque volière, il y a toujours au moins un oiseau rare. Un oiseau rare au sexe enragé. »

20h30
BELLE DE NUIT
Marie-Eve de Grave

Belgique / 2016 / coul / 1h14

« Écrivain – Peintre – Prostituée » : portrait fascinant de Grisélidis Réal, sainte courtisane de Genève, femme passionnée et libre, militante et indépendante, artiste animée par la fureur de vivre.

Vendredi 25
19h


LES MAUVAISES FRÉQUENTATIONS
Jean Eustache

France / 1963 / n&b / 16mm / 42 min.
Deux jeunes gens trainent leur ennui dominical dans les cafés de Pigalle. Ils accostent une jeune femme qui vient de perdre son travail et de quitter son mari, et se rendent ensemble dans un dancing du quartier de La Chapelle. Le tout premier film de Jean Eustache, un fleuron en marge de la nouvelle vague.

"Jean Eustache (1938-1981) a 25 ans quand il démarre les prises de vues de son premier métrage. Un film préparé dans un certain secret et avec les moyens du bord. Malhonnêtes au besoin... Jeannette Delos, la femme du réalisateur quasi novice, qui travaille alors comme secrétaire aux Cahiers du cinéma, pioche dans la caisse de la revue pour boucler le budget des Mauvaises Fréquentations - "Ce sera vite pardonné", selon l'ami et futur producteur Pierre Cottrell. Le tournage, démarré à l'automne 1963 et prévu sur trois week-ends consécutifs, se prolonge en fait jusqu'en février 1964, en fonction des disponibilités des uns... et des ressources financières des autres. La vision du film est tout aussi compliquée : baptisé alors Du côté de Robinson (ce qui apparaît encore dans plusieurs filmographies d'Eustache), il ne sortira en salles qu'en juin 1967, couplé en double programme avec Le Père Noël a les yeux bleus, sous le titre générique de... Les Mauvaises Fréquentations.
D'après Evane Hanska, le scénario s'inspire d'une mésaventure vécue par Jeannette Delos à Paris. Après une dispute conjugale, elle était partie marcher pour se calmer. Arrivée sur le boulevard de Clichy, elle s'était fait accoster par deux types qui avaient fini par lui voler argent et papiers... Dans Les Mauvaises Fréquentations, deux glandeurs, plus vraiment ados, pas vraiment adultes, espèrent une existence moins grise en buvant des coups dans les cafés de Pigalle. Jackson et son ami n'ont pas les moyens d'inviter des filles et, de toute façon, ils ne sont pas dans le bon quartier pour inviter celles dont ils rêvent. Une jeune femme au visage triste finit par accepter de prendre un verre avec eux. Elle raconte qu'elle vient de quitter son boulot, qu'elle s'est séparée de son mari qui la battait comme plâtre et qu'elle doit trouver un nouveau travail afin de payer la nourrice de ses deux petits garçons. Elle convainc ses deux soupirants d'aller danser à La Crémaillère, la boite chic de Montmartre. C'est fermé, alors les trois compagnons de déveine se replient dans un dancing sinistre - Eustache rêvait de tourner la scène dans le sous-sol de La Coupole mais il a du se rabattre sur un établissement beaucoup moins prestigieux du quartier de La Chapelle. Pendant que la jeune femme se fait inviter par un autre cavalier, ils lui piquent son portefeuille et se sauvent en courant. Avant d'utiliser les billets volés pour s'offrir deux doubles whiskies dans un bistrot, puis se quitter...
Rarement l'ennui poisseux du dimanche ou la veulerie de comportements frisant la lâcheté n'ont été reproduits avec une telle justesse. Comme l'a noté Jean Collet, les problèmes que se posent Jackson et son ami pour aborder une fille "sont ceux que le cinéma refoule habituellement, préférant montrer le succès et la conquête plutôt que la quête".
Au détour d'un plan de Pigalle, on aperçoit la façade d'une boutique de vêtements. Son nom ? "Nouvelle vague". Tout sauf un hasard... On retrouve d'ailleurs exactement le même plan et la même enseigne dans Bande à part de Godard, film quasi contemporain, tourné en février 1964. Les Mauvaises Fréquentations est ainsi le petit frère des œuvres fondatrices du mouvement qui, depuis cinq ans, a révolutionné le cinéma français.
"

Samuel Douhaire
in Le Dictionnaire Eustache, Editions Léo Scheer, 2011.

20h30

PETULIA
Richard Lester

États-Unis / 1968 / coul / 16mm / VOSTF / 1h45
Avec Julie Christie, George C. Scott, Richard Chamberlain, Shirley Knight, Joseph Cotten
Musique de John Barry, avec une apparition de Big Brother and the Holding Company (avec Janis Joplin) et The Grateful Dead.

San Francisco, Summer of Love. Petulia est une jeune femme fantasque, mariée depuis peu à un homme violent, et qui s’entiche d'un médecin quadragénaire, récemment divorcé. Le chaos s’installe dans la vie de ces deux êtres à la dérive et sur l’écran.

Le nom de Richard Lester est principalement attaché aux comédies qu’il a réalisées avec les Beatles, A HARD DAY’S NIGHT (1964) et HELP! (1965), auxquels on peut atteler, pour les fans, HOW I WON THE WAR (1967) avec John Lennon (passons sur les SUPERMAN et ses films plus tardifs). C’est donc à un américain qu’on doit les films phares du Swinging London, pleins de fantaisie et d’énergie débordante. De retour aux États-Unis, il signe un film qui exacerbe son imaginaire visuel, en collaborant avec le chef opérateur Nicolas Roeg, adepte d’une narration non linéaire et d’audaces plastiques proches du psychédélisme (PERFORMANCE, co-réalisé avec Donald Cammel et WALKABOUT étant les sommets de sa carrière en tant que réalisateur). Si PETULIA s’amorce comme une comédie échevelée, le film va progressivement déployer sa complexité et sa noirceur par un montage disruptif, où le climat et les tensions de l’époque se révèlent par touches (la guerre du Vietnam sur un poste de télévision qu’on éteint comme pour faire cesser un bruit de fond, les clandestins mexicains) et les personnages, se voilant derrière une façade de dérision et de comportements lunatiques, vont laisser poindre leurs fêlures. Le ciel bleu de la Californie est une cloche où couvent des sentiments contradictoires, et l'Eldorado a des allures d'abime.
Rien n’est ici donné d’emblée : le spectateur devra dépasser cette sensation première de confusion pour s’ouvrir à l’émotion très particulière qu’offre le film, à l’instar de THE SWIMMER de Frank Perry, dont il est contemporain. Car il s’agit de lâcher prise, autant pour les protagonistes pris dans l’absurdité d’une société fonctionnelle de la consommation, de la représentation, de la fête factice, de l’artefact (ce cauchemar climatisé imprégné de violence), que pour le spectateur qui accepte de les accompagner sur leur chemin incertain et qui en sera peut-être durablement troublé.
Un film d’amour fou, dans tous les sens du terme, cruel parfois, désenchanté sans doute, mais sans amertume.

Samedi 26
19h

CHROMO ZOOM
Jacques Pezé & Louis Chevalier

France / 1965 / coul / 16mm / 7 min.
Un essai sur / contre l'agressivité visuelle et auditive de la propagande et de la publicité, sous l’influence du détournement situationniste.

ACTUA TILT
Jean Herman

France / 1961 / n&b / 16mm / 10 min.
Au son des jeux de bistrot, la vision d’un monde futur inquiétant où on ira sur la lune, où l’homme sera individualiste et la femme un objet de mode stéréotypé.
Jean Herman, plus connu de son nom de plume Jean Vautrin, a été l'assistant de Roberto Rossellini pour les besoins du documentaire India, terre mère, réalisé pour la télévision italienne et a réalisé cinq longs-métrages pour le cinéma, dont Adieu l'ami (1968) avec Alain Delon et Charles Bronson. Ce qu'on sait moins, c'est qu'il a réalisé un certain nombre de courts métrages au début des années 60, dont un portrait d'Henri Langlois et de la Cinémathèque Française, et surtout, ce qui nous intéresse ici, des films foncièrement expérimentaux comme Twist Parade et Actua-Tilt, des essais féroces sur la société du spectacle et de consommation, montage percutant d'images d'actualité, de publicité, de musiques et de sons divers, collages speedés provoquant des collisions de sens.

20h30

JEU DE MASSACRE
Alain Jessua

France / 1967 / coul / 16mm / 1h34
Avec Jean-Pierre Cassel, Michel Duchaussoy, Claudine Auger et les illustrations de Guy Pellaert.

Bob Neuman, un riche héritier mythomane, invite chez lui en Suisse un auteur de bandes dessinées dont il admire l'œuvre, Pierre Meyrand et son épouse Jacqueline. L'artiste profite de cette rencontre pour imaginer un nouveau personnage totalement inspiré de son hôte mais ce dernier décide de vivre dans la vraie vie le scénario de la bande dessinée de son invité, produisant une cascade d'incidents.
Une des idées géniales d'Alain jessua est d'avoir fait appel à Guy Peellaert pour illustrer les bandes dessinées du couple interprété par Jean-Pierre Cassel et Claudine Auger. Guy Peellaert est alors au fait de sa gloire comics, créateur la même année de la légendaire Pravda la Suvireuse, héroïne instantanée du Pop-Art et des mouvements émancipateurs de la fin des années 60. Finement intégrées au montage, ses cases créées pour l'occasion participent tant de la forme que du fond, ponctuation visuelle du récit et zone de porosité entre réel et vie rêvée.

Dimanche 27
19h

LE POUVOIR DANS LA RUE
Alain Tanner

Suisse / 1968 / n&b / 48 min.

Produit par la Radio-Télévision Suisse, un document exceptionnel illustrant, au travers d’entretiens et d’images filmées sur le vif, l’émergence de la contestation en France en Mai 68, donnant lieu à de gigantesques rassemblements, jusqu’à la révolte répondant à la répression policière.
Des débats estudiantins aux barricades en passant par les commissions de travail et les discussions des comités de grève, les images de ce film sont un apport revigorant pour la recherche historique et la réflexion sociologique.

20H30

LA SALAMANDRE
Alain Tanner

Suisse / 1971 / n&b / 16mm / 1h50
Avec Bulle Ogier, Jean-Luc Bideau, Jacques Denis

À Genève, Pierre, un journaliste doit écrire un scénario pour la télévision, inspiré d'un fait divers. Il fait appel à Paul, un ami écrivain, et commence à enquêter sur une jeune femme, Rosemonde, accusée d’avoir tiré au fusil de chasse sur son oncle. Celle que l’on dit paresseuse et indisciplinée s’avère en réalité une femme à l’esprit libre qui refuse la routine d’une vie bien rangée.
"Chronique filmée en couleurs noires et blanches", avec son côté sainement pamphlétaire et son ironie éclatante, LA SALAMANDRE est, après CHARLES MORT OU VIF (1969), un film qui découle clairement du besoin de renouveau et du refus d'une société sclérosée qui fut le ferment de Mai 68.
À propos du portrait de cette "fille du feu", cette insaisissable salamandre interprétée par Bulle Ogier qui crève l'écran, Tanner dit : "C'est une fille sauvage, secrète, instable, qui n'a reçu ni éducation ni instruction, qui rejette par autodéfense les contraintes de la société. Comme beaucoup de jeunes d'aujourd'hui, elle est physiquement incapable de s'adapter à un travail quotidien. L'autorité lui parait exercée par des imbéciles, elle change souvent de domicile et d'emploi."
De ce film riche, complexe, bienveillant, on peut aussi citer cet extrait d'un texte du XIXème siècle, signé Heinrich Heine et lu par la femme de Paul, l'écrivain : "Une nouvelle génération se lèvera, engendrée dans des embrasements librement choisis et non plus sur une couche de corvées et sous le contrôle de percepteurs du clergé. Avec une naissance libre, naitront aussi des pensées et des sentiments libres, dont nous autres, esclaves nés, n'avons pas la moindre idée".

Également :
Mardi 29 mai à 20h

DÉSORDRE / 5
Cinéma Utopia
5 Place Camille Jullian — Bx

Tarifs : 7€ ou ticket d'abonnement Utopia


LES AMANTS RÉGULIERS
Philippe Garrel

France / 2004 / n&b / 3h03
Projection 35mm   

Paris, Mai 68. François, un poète de 20 ans qui tente d’échapper au service militaire,
rencontre Lilie sur les barricades, durant les émeutes dans le Quartier Latin. À la suite de l’échec de l'insurrection, ils engagent une relation amoureuse et se joignent à une communauté de jeunes gens dans la demeure d’un héritier opiomane. Dans un noir et blanc crépusculaire (magnifique lumière signée William Lubtchansky), Philippe Garrel, témoin de ces événements qui ont hanté sa production cinématographique depuis les années 70 jusqu’à aujourd’hui, dépeint la dérive amoureuse et le désengagement politique de jeunes idéalistes gagnés par la perte des illusions.

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Infos pratiques :

Tarifs : 5€ la séance
Pass : 20€
Prix libre (mais pas radin) : chômeurs, demandeurs d’emploi, bénéficiaires du RSA, travailleurs précaires…
Gratuit pour les enfants de moins de 16 ans

Buvette et petite restauration à prix modique

Renseignements / réservations : 06 20 94 83 42

Appel à volontaires !

Une programmation proposée dans le cadre du cycle DÉSORDRE — échos de Mai 68 au cinéma
L’association Monoquini reçoit l’hospitalité de la Compagnie La Nuit Venue et le soutien financier de la Ville de Bordeaux et du CNC / DRAC Nouvelle-Aquitaine.
L’association Monoquini est signataire de la charte filmprojection21 qui s’engage à montrer les films dans leur format d’origine et à défendre et promouvoir la projection argentique.


Merci Jean-Luc !