03.03.23
VENDREDI 03 MARS — 20H23

Château Pallettes
17 rue Élie Gintrac, Bx

Ouverture des portes à 19h
Entrée : prix libre
Buvette sur place


Guy Konkèt dans Naissance d'un tambour

QUATRE FILMS DE PATRICK DEVAL
EN SA PRÉSENCE

— Patrick Deval est né le 8 mai 1944 à Charlieu.
Bûcheron jusqu’à l’âge de 15 ans près de Cerdon en Sologne. Un accident le prive de la vue, il passe deux ans dans une clinique à Eskilstma (Suède).
Guéri, il se passionne pour le cinéma et collabore aux deux premiers numéros de « Visages du Cinéma », éphémère revue cofondée en 1962 avec Louis Skorecki et Serge Daney. En 1963, réformé pour « bassesse morale », il accompagne une mission protestante en Nubie. Pendant deux ans, on le croit mort.
En 1965, le gouvernement du Rio de Oro demande son extradition pour menées révolutionnaires. Sa plaquette de vers « Desde la noche » est imprimée clandestinement à la Villa Cisneros.
De retour en France, il réalise « Zoé Bonne », court métrage en 35 mm avec Claude Chabrol comme interprète.
En 1966, il rencontre le grand poète arabe Taoufi Bouzrara. De leur amitié, nait « Héraclite l’obscur », « péplum philosophique » tourné en Tunisie en 1967..
Parallèlement, Patrick Deval termine une licence de chinois et prépare un essai sur « Tou-Fou et le thème de la paramnésie ».
En août 1968, il réalise le long métrage « Acéphale », avec Laurent Condominas, Jackie Raynal, Michael Chapman. Photographie : Michel Fournier, Guy Gilles. Première présentation : Cinémathèque Française, 7 octobre 1968.

Il faut compléter cette biofilmo parue dans l’Avant-Scène Cinéma n° 93 de juin 1969 par ce que l’on sait du parcours de Patrick Deval depuis.
Il faut retourner en 1968. Les événements de Mai ont coïncidé en France, par leur brièveté, leur urgence et leur virulence, avec la réalisation d'une dizaine de longs et moyens métrages financés par l'héritière Sylvina Boissonnas et qui furent rétrospectivement réunis sous la bannière des "films Zanzibar". Il s'agissait d'abord d'une communauté d'amis, jeunes artistes, musiciens, cinéastes, qui trouvait l'opportunité de réaliser en totale liberté des films avec les moyens appropriés et les conditions professionnelles du cinéma, en dehors de toute contingence commerciale.

C’est là où apparaît le nom de Patrick Deval.
Tournant ACÉPHALE dans un Paris de friches et de terrains vagues, l'expérience du LSD s'avère un détonateur pour offrir "au monde un délire neuf" et des "voyages qui durent pour toujours".
Dans le film, Acéphale est cette "tête chercheuse", jeune homme citant Georges Bataille, dans l'exil et l'errance de l'immédiat après Mai 68, en quête d'utopie et de renaissance, entre satori et folie.

On perd la trace de Patrick Deval pendant 10 ans, une décennie passée à voyager (Asie, Mexique, Amérique du Nord) durant laquelle, entre autres, il s’initie à la poterie traditionnelle auprès du maitre japonais Shôji Hamada dans le village de Mashiko.

De retour en France en 1980, il collabore notamment à Actuel, Libération, Le Monde, et contribue au Comité du film ethnographique du Musée de l'Homme avec Jean Rouch et à l'ONG Survival International pour la protection des droits indigènes.
À partir de 1992, il réalise un certain nombre de documentaires ethnologiques dont nous verrons quatre remarquables exemples lors de cette séance :
LE SANG DES DIEUX, réalisé dans la région d’Oaxaca au Mexique, se consacre à l’élevage de la cochenille dont la couleur rouge est traditionnellement utilisée par les artistes locaux ; dans LA NUIT DES RADIS, également tourné à proximité d’Oaxaca, des paysans-artistes participent au concours du plus beau radis sculpté, récompensé par un jury d’experts ; NAISSANCE D’UN TAMBOUR met en scène le musicien et poète guadeloupéen Guy Konkèt, grande figure du gwoka, dans l’élaboration d’un tambour dont le parrain n’est nul autre que Jean Rouch ; et SOSSO BALA, tourné chez les Manding en Guinée, célébrant le balafon mythique qu’on sort de sa case une fois par siècle afin que soit transmise sa voix musicale.

En 2014, Patrick Deval publie « Squaws, la mémoire oubliée » (Éditions Hoebeke), une enquête ethnologique sur la condition féminine des Amérindiennes.
Il écrit actuellement ses Mémoires.

Au programme :

LE SANG DES DIEUX (1998 / vidéo / couleur / 13 min.)
LA NUIT DES RADIS (1998 / vidéo / couleur / 13 min.)
LE SOSSO BALA DES MANDINGUES (1999 / vidéo / couleur / 11 min. 25)
Film classé au patrimoine oral de l'UNESCO
NAISSANCE D’UN TAMBOUR (1996 / vidéo / couleur / 26 min.)


EXPOSITION
PEINTURES DE BERNARD OUVRARD

En présence de l'artiste

— Des têtes comme des étoiles, comme des têtes très haut dans le ciel de la nuit.
Des têtes, « Géo-graphiques » « carto-graphiques ».
Pour couleurs dominantes, des blancs cassés, et le noir.
Pourquoi noir ? Par ce que Bernard Ouvrard aime le noir.
Ce sont des têtes éclaboussées de petites tâches colorées puissantes et incisives, très finement coordonnées.
Elles sont en effervescence, façonnées avec des marouflages délicats pour les peaux de ces visages, heu, de ces têtes qui ne sont pas atrophiées bien que sans nez sans oreilles sans bouche sans yeux obligatoirement.
Têtes ni tristes ni gaies, ce sont des têtes « pausées » ancestrales, étonnantes.
De plus près encore, je vois des têtes « extérieur, intérieur » reposantes, primitives.
Ce sont des peintures côte à côte, alignées, toutes à la même échelle que s’est fixée le peintre.
Cette exposition devient une invitation à un parcours en tête à tête avec de la peinture silencieuse, consolante.
L’œuvre de Bernard est le fruit d’une incessante pratique, d’une facture de grande qualité,
puissante et humble comme l’artiste.
(Isidore Krapo)

CHÂTEAU PALLETTES
17 rue Élie Gintrac
33000 Bordeaux
Tél : 06 95 79 05 05