CINÉ16

— À l’ère des écrans individuels et du (presque) tout numérique, Ciné16 proposait, en partenariat éphémère avec la Bibliothèque Mériadeck, un retour aux sources du cinéma : une découverte collective d’œuvres sur pellicule. Présent essentiellement dans les ciné-clubs, le support 16mm fut longtemps un mode privilégié de diffusion cinématographique et constitue aujourd’hui un patrimoine audiovisuel d’une grande richesse. Films rares, projecteur et opérateur en fond de salle, renouant avec un certain rapport sensible au cinéma, vous étiez invités à venir découvrir les trésors de la cinémathèque Monoquini.
Car l’argentique, c’est fantastique !


Jeudi 9 Janvier 2020 — 18h
Bibliothèque Mériadeck
85 Cours du Maréchal Juin
Bordeaux


Façade du Gaumont-Olympia, 9 cours Georges Clemenceau à Bordeaux, 1952.

BORDEAUX, LA MÉMOIRE DU CINÉMA
Un film de Pierre Philippe
France, 1987, couleur, 60 min.

Évocation de la ville de Bordeaux, sa vie, ses habitants, ses modes, ses coutumes, ses moeurs, ses grandes figures politiques et culturelles, au travers de 92 ans d'archives cinématographiques et d'extraits de films de fiction ayant pris la capitale girondine comme décor. Le commentaire dit par Pierre Arditi, s'il est très écrit dans le sens d'un éloge poétique de la ville et de son maire (Chaban-Delmas), accompagne un montage très riche qui présente des aspects disparus du port, de la vieille ville ainsi que des événements notoires (Sigma est évoqué via une apparition éclair du théoricien Abraham Moles). Pierre Molinier y fait même une apparition, sourire comme un rictus que dévoile un masque de femme. Parmi les images marquantes (nombreuses pour le bordelais de souche ou de cœur), notons le quartier disparu du vieux Mériadeck et les chevaux des Girondins, démontés au pied du Pont d'Aquitaine, qui retrouvent leur place autour de la fontaine. On y visite également le CAPC (inauguré en 1984) avec une exposition de Jean-Charles Blais.

Pierre Philippe (1931-2021) avait conçu et dirigé le célébrissime numéro spécial de «Cinéma 57» sur le fantastique, puis inventé quelques années plus tard l’expression «cinéma bis», qui a fait florès... Il avait aussi réalisé en 1970 un film de vampires modernes au titre emblématique : MIDI MINUIT...
Pierre Philippe est mort lundi 20 décembre 2021. Il venait d’avoir 90 ans.

CINÉ16

Samedi 15 février 2020 — 16h
Bibliothèque Mériadeck
85 Cours du Maréchal Juin
Bordeaux

Deux courts métrages étonnants sur les coulisses de la télévision et de la radio
(Durée totale : 55 min.)

TÉLÉVISION, ŒIL DE DEMAIN

Un film de J.K.Raymond-Millet
France / 1947 / n&b / vf / 23 min.

Le film imagine les utilisations et applications de la télévision dans le futur dans différents domaines. Annonçant ainsi l'omniprésence des écrans, l'internet nomade, la prédominance de la forme sur le fond et les images en trois dimensions. Ce sens troublant de l'anticipation, où l'on sent l'influence de Barjavel, est masqué par un commentaire caustique et une profusion d'images assez loufoques.

+

LE HUITIÈME ART ET LA MANIÈRE...

Un film de Maurice Régamey
France / 1952 / n&b / 32 min.
Assistant réalisateur : Claude Sautet.
Musique de Jerry Mengo.
Avec Louis de Funès, avec cheveux et moustache, dans un de ses premiers rôles.

Une fantaisie sur le monde de la radio et ses coulisses au travers de celles et ceux qui la font, animateurs, acteurs, chanteurs, bruiteurs, autour de l'information, du reportage, de l'animation musicale, du divertissement ou du récit d'aventure, sur un mode franchement décalé et drôlatique. De l'autre côté du poste TSF, un couple mal assorti se prend à rêver et est loin de se douter de quelles (grosses) ficelles et câbles découlent ces voix magiques. Le générique précise qu'il s'agit d'une fiction sans lien avec la réalité...

CINÉ16

Samedi 24 octobre 2020 — 16h
Bibliothèque Mériadeck
85 Cours du Maréchal Juin
Bordeaux
Entrée libre et gratuite

DAVID & LISA

Un film de Frank Perry
États-Unis / 1962 / n&b / 1h33 / vo surtitrée français
Scénario : Eleanor Perry, d'après une nouvelle de Theodore Isaac Rubin
Avec Keir Dullea, Janet Margolin, Howard Da Silva…

Prix de la Première œuvre, Mostra de Venise, 1962

— David, jeune homme de bonne famille, est accueilli dans un centre psychiatrique pour mineurs, où ses parents espèrent le voir guérir de sa peur maladive du contact physique, car il est persuadé que le moindre toucher est mortel. Intelligent et cynique, il va progressivement prendre conscience de sa psychose auprès des autres résidents, de leurs problèmes mentaux et émotionnels. Sa rencontre avec Lisa, une adolescente schizophrène, va bouleverser son rapport au monde.

Le premier film de Frank Perry (réalisateur qu’on connaît surtout pour The Swimmer, de 1968) marque une date dans l’histoire du cinéma américain : l'intrusion des indépendants dans le système hollywoodien, et le succès commercial d'un film entièrement conçu hors des normes. Perry, associé à son épouse Eleanor, s'attache d’emblée à raconter l'histoire d’individus en marge, psychologiquement instables, une thématique que ses films suivants creuseront.

1962, c’est l’année où Arthur Penn réalise Miracle en Alabama (The Miracle Worker), inspiré de l’histoire véridique d’Helen Keller, enfant déficiente mentale, sourde, muette et aveugle, laissée à une sorte de sauvagerie, qu’une éducatrice, elle-même invalide mais déterminée, va s’évertuer à « civiliser ». L’année suivante, sort Un enfant attend (A Child is Waiting), le troisième long métrage de John Cassavettes, mettant aux prises au sein d’une clinique spécialisée le Docteur Clark interprété par Burt Lancaster à une musicothérapeute jouée par Judy Garland qui s’attache à un petit garçon autiste. Avec David & Lisa, s’exprime donc dans le cinéma américain de l’époque une attention particulière aux questions de l’enfance inadaptée ou en souffrance et des méthodes d’éducation révolutionnaires, où une voie est offerte aux laissés pour compte du « rêve américain ».

Sans nul doute, le film de Frank Perry, porté par l’interprétation impressionnante de Keir Dullea (futur astronaute de 2001, L’Odyssée de l’Espace) et surtout de Janet Margolin, s’inscrit dans ce sillon progressiste, sans pathos et avec une grande sensibilité.

"J'ai été très impressionné par David & Lisa. J'ai l'impression que ce film représente un tournant dans l'histoire du cinéma, non seulement dans celle du cinéma américain, mais dans l'histoire du cinéma tout court. J'ai l'impression qu'il y a là une façon d'écrire les dialogues, et de les faire dire aux acteurs, qui permet de connaitre ce qui se passe à l'intérieur de ces acteurs d'une façon un peu plus précise. Notre métier, après tout, dans le cinéma comme dans tous les arts, c'est d'essayer d'enlever cette espèce de "voile", de rideau qui est entre le spectateur et le sujet, l'être humain que l'on présente sur l'écran, celui-ci étant finalement l'auteur lui-même; et je crois que dans David & Lisa, par l'intermédiaire d'acteurs extrêmement émouvants et d'une très grande qualité, on arrive à un certain contact avec l'auteur — ce qui est en somme l'essentiel de l'art."

— Jean Renoir, Propos rompus, in Cahiers du Cinéma n°155, Mai 1964.

Film annonce

MERCI NOVA !

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Remerciements : Stéphane Derderian / Liliom Audiovisuel, Éric Rublon / VDM.