DIMANCHE 7 NOVEMBRE 2021 — 20H45
Cinéma Utopia
5 Place Camille Jullian, Bordeaux
Tarif : 7€ ou Ticket abonnement


THE BABY

Un film de Ted Post

États-Unis / 1973 / coul / 1h25 / vostf

Avec Anjanette Comer, Ruth Roman, Marianna Hill, Suzanne Zenor, David Manzy…

— Éprouvée par la perte récente de son mari, Ann Gentry est une assistante sociale dévouée qui s’investit pleinement dans le nouveau dossier qui lui est confié : le cas très spécial de « Bébé », un garçon qui babille, se déplace à quatre pattes, pleure et fait dans ses couches comme tout nourrisson… en dépit de ses 21 ans. Suspectant que « l’enfant » est volontairement maintenu dans un état débilitant et souhaitant le placer dans une clinique spécialisée, Ann devient rapidement indésirable aux yeux de Mme Wadsworth, la mère tyrannique du foyer, adoubée par ses deux filles aux mœurs des plus relâchées. C’est le début d’une guerre entièrement féminine, où tous les coups, surtout les plus tordus, vont être fomentés de part et d’autre pour éliminer l’adversaire et s’assurer la garde de Bébé…

Attention, rareté absolue ! À l’image de THE WITCH WHO CAME FROM THE SEA, diffusé en 2018, Lune Noire déterre une autre perle égarée du cinéma d’exploitation américain avec THE BABY. Prenant lui aussi la psyché féminine comme sujet, le film de Ted Post choisit néanmoins un traitement en tous points opposé : ici, pas d’expérimentations évanescentes et surréalistes mais un concept fièrement scabreux mené avec un mauvais goût frontal et assumé. Comme on dit : « Âmes sensibles, s’abstenir ! » Mais si par chance vous avez le cœur bien accroché et un penchant certain pour l’humour trash et choquant alors le film risque de s’imposer à vous comme une des grandes comédies noires, injustement oubliée, de la décennie 70.

Étude corrosive sur l’instinct maternel, portrait acide d’un matriarcat poussé dans ses retranchements, le film peut être vu comme le cousin de ceux du John Waters de la même période, l’esprit « Queer » en moins et le « professionnalisme » en plus. Il est assez rare en effet de voir un objet de pure exploitation comme celui-ci réalisé avec autant de sérieux et de savoir-faire. Cette réalisation sèche, sans fioriture est due à Ted Post, solide artisan de la télévision américaine dont les rares incursions dans le cinéma nous amènent à regretter qu’il n’y ait pas plus œuvré. Cantonné aux séquelles et autres produits dérivés des succès de l’époque (le western PENDEZ-LES HAUT ET COURT, MAGNUM FORCE, LE SECRET DE LA PLANÈTE DES SINGES…), ce film comme un autre, plus tardif, LE MERDIER, nous laissent à croire qu’il valait mieux que ce à quoi les studios l’ont assigné. Malgré un budget qu’on devine anémique, sa réalisation précise, son découpage inventif et sa gestion parfaite du matériau aberrant et outrancier de son sujet lui permettent de faire rire et d’inquiéter tour à tour, distillant une ambiance malsaine et une tension progressant crescendo… jusqu’à un final démentiel, cerise sur le gâteau d’un film décidément à part.

Inédit sur les écrans français depuis 48 ans, voici donc l’occasion unique de découvrir, en version restaurée et intégralement sous-titrée par nos soins, une des insanités les plus dépravées sur le refoulé féminin tapi derrière le fronton des pimpantes banlieues américaines. À l’heure où la guerre des sexes semble ressurgir, THE BABY continue de taper sur les deux camps d’une même force, pour nous sommer d’en rire.

— Mathieu Mégemont

Retrouvez Lune Noire sur www.lunenoire.org et sur Facebook

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Un événement proposé par l'association Monoquini en partenariat avec le Cinéma Utopia et Radio Nova Bordeaux.
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