ANARCHIVES
ARCHIVES AUDIOVISUELLES
Salon du CAPC
Une sélection de films proposée par l'association Monoquini dans le cadre de l'exposition IAO, en libre consultation sur postes individuels dans le Salon du CAPC jusqu'au dimanche 8 mars 2009.
Émissions de télévision, journaux filmés, documents bruts de décoffrage : ces films rares viennent compléter les archives de l'Ina présentées par ailleurs dans le Salon.
Cette présentation publique est rendue possible grâce à la contribution des auteurs eux-mêmes.
Un grand Merci à Patrick Prado, Lionel "Fox" Magal, Marc Blanc, Michel Jakar, Voiceprint et feu Bizot...
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FILMS EN CONSULTATION
AME SON
1/ Les Primitives
(source et auteur non identifiés / sans date / 1 min 33)
Influencés par les Rolling Stones, les Primitives était le premier groupe formé par Marc Blanc en 1967.
Dans ce document, manifestement télévisuel, deux gommeux, "promoteurs d'orchestres dits mondains", organisateurs de rallyes dansants pour les jeunes gens de la haute société, s'expriment face à la caméra. En contrepoint, le chanteur des Primitives ironise sur la participation du groupe à des "soirées habillées", alors que ces musiciens aux cheveux longs se ressentent en marge.
2/ L'écran musical
Émission du 12 décembre 1969
Produit par Serge Kaufmann
Réalisation : Guy Demay
(8 min 35)
"L'écran musical", diffusé sur la 1ère chaîne du temps de l'O.R.T.F., était une émission de télévision consacrée à la musique contemporaine dans son expression la plus large. Elle consacre un portrait à Ame Son, un des groupes français les plus originaux d'alors, brassant les influences du jazz, de la musique contemporaine et du rock psychédélique.
Marc Blanc et Patrick Fontaine ont participé à Banana Moon, prémice du Gong formé par Daevid Allen, avant de constituer Ame Son avec François Garrel (flûte) et Bernard Laviable (guitare), se produisant notamment au festival pop d'Amougies.
Ame Son est en partie filmé en studio pendant l'enregistrement de leur disque "Catalyse", paru en 1970 sur le label Byg / Actuel après la dissolution du groupe.
"Je pense qu'il y a un chaos total en ce moment dans toute la société, et que les gens cherchent des moments de lucidité, des moments de prise de conscience, et des moments d'amour aussi, de réunion collective qu'il n'y a pas même sur les lieux de grève où ça reste du domaine du politique, de la dialectique, mais où il n'y a pas de réelle communion émotionnelle", dit l'un des musiciens au cours de l'entretien.
3/ POP' MUSIC : Le groupe AME SON
Réalisation : Éliane Camus et Jean-Noël Roy
(non daté / 5 min)
Probablement réalisé pour la télévision, un clip bucolique réalisé dans le parc d'un château, le groupe interprétant un titre en plein air, sous les cerisiers.
www.ameson.net
Avec l'aimable autorisation de Marc Blanc.
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Ô SIDARTA
Michel Jakar
(1974 / 35mm transféré en vidéo / 10 min 35)
Musique originale : Alain Pierre
Production : Pierre Films (Bruxelles) / Reggane Films (Paris)
D’après les dessins de Philippe Druillet, collaborateur de Nicolas Devil sur "Saga de Xam", co-fondateur de la revue Métal Hurlant, auteur de "Vuzz", "La Nuit", "Lone Sloane", "Gail"...
Le film se présente comme un poème cinématographique, un voyage à bord du vaisseau spatial Ô Sidarta, évocation de l'univers barbare et violemment psychédélique du célèbre dessinateur.
En compétition officielle au XXVII° Festival International du film de Cannes en 1974;
FILMEX, Los Angeles 1977.
Un extrait du film sur le site de Michel Jakar :
http://www.micheljakar.com/
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UN SECRET BIEN GARDÉ
Patrick Prado
(France / 1972-2008 / Super 8 et DVcam / 38 minutes)
"C'était la fin des paysans ; ils étaient partis du village et nous, nous arrivions chez eux. Ils ne sont jamais revenus ; nous nous sommes installés à leur place. Une population est remplacée par une autre, un sauve qui peut général, un village siphonné. Le village s’appelle Névédic, en Bretagne.
Nous allions vers des temps nouveaux, que nous refusions obstinément. Le joli mai 68 était passé par là. Par quoi allions-nous remplacer la vie paysanne qui disparaissait peu à peu ? Nous n’en avions aucune idée pendant que s’élevaient partout les accents accablants et menaçants de la modernité.
Que venions-nous donc faire ici, sinon tenter une utopie comme on en tente une à chaque génération. Tout devait devenir le grand jeu dont nous réglerions nous-mêmes le tempo. Nous n’étions pas vraiment sortis de l’enfance, et nous croyions pouvoir nous rendre maîtres de notre temps et de notre propre vie.
Plus que le droit au travail et le droit à la paresse, c’est le droit au temps qui nous paraissait le plus important. De fait, nous tournions en rond dans la nuit et nous nous consumions par le feu.
Au fond, nous voulions juste sauver notre peau." (Patrick Prado)
Remonter un village comme on remonte un film : tel est le projet de ce beau film aux accents debordiens, un pied dans la paille, l'autre dans l'électronique. Car Patrick Prado, pionnier de l'art vidéo en France avec le collectif Grand Canal au début des années 80 (http://grandcanal.free.fr), ne revendique pas tant un retour à la terre qu'un désir de (se) réinventer, à l'époque où l'oubli était la passion dominante de ces urbains revenus d'une révolte sans lendemain.
Une modernité sans progrès, un souffle libertaire, c'est cette utopie réalisée durant quelques années dans les ruines redressées d'un hameau breton.
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LE COW-BOY ET L'INDIEN
Alain Fleischer
(France / 1995 / Super 16mm / 52 minutes)
Jean-Jacques Lebel a créé les premiers "happenings" en Europe, simultanément à ceux des artistes américains. Ces événements collectifs, souvent improvisés, étaient en résonance avec les mouvements politiques et sociaux qui préfiguraient la révolte de mai 68.
Le film trace le portrait de l'artiste, lui empruntant parfois son langage et ses figures de styles favorites.
Production / Diffusion : Les Films d'ici
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CRIUM DÉLIRIUM
Michel Bastian & Lionel "Fox" Magal
(France / 1973 / 16mm transféré en vidéo / 3 minutes)
FOX (Lionel MAGAL) de CRIUM DELIRIUM à New York en 1978.
photo : Catherine Faux
Super 8 de Michel Bastian / Spont'act réalisé durant une manifestation anti-nucléaire
Avec la participation d'Albert et la Fanfare Polyercétique.
Signalétique aérienne de Rita Calfoul
Musique de Crium Délirium
("C'est nous les road managers")
Composition + texte : Thierry & Lionel "Fox" Magal
SUIVI DE
HOGWASH 2
Film communautaire de la Hog Farm Family
(1972 / 16mm transféré en vidéo / 15 minutes)
Sur la route de Katmandou, 1972.
Avec la participation et le commentaire de Wavy Gravy.
La Hog Farm est une communauté née à la fin des années 60 du rassemblement des occupants qui ont investi les cabanes et établi des tentes sur les sommets de la vallée de San Fernando, non loin de Los Angeles.
Wavy Gravy, de son vrai nom Hugh Romney, en est un des instigateurs. Poète, performer-troubadour qui a cotoyé Bob Dylan, John Coltrane, Thelonious Monk ou encore Moondog, il a largement contribué aux frasques lysergiques des Merry Pranksters.
La Hog Farm créait les light shows pour les concerts de Cream, Jimi Hendrix et The Grateful Dead, jusqu'à ce qu'en 1968, ses membres décident de prendre la route.
"La Hog Farm est une famille élargie, une hallucination itinérante, une expérimentation sociologique, une armée de clowns. Nous sommes 50 personnes en voyage permanent, avec six bus scolaires reconvertis, quelques vans et camionnettes, dont une pour notre mascotte, un porcelet nommé Pigase".
Parcourant d'abord les routes des Etats-Unis de New York au Nouveau Mexique, ils franchirent l'Atlantique et s'établirent un temps à Londres. Un financement leur permis d'acquérir un bus puis deux afin de parcourir l'Europe et le Moyen-Orient (France, Allemagne, Turquie, Iran, Afghanistan, Pakistan, Inde) jusqu'au Népal et Katmandou.
La Hog Farm produisait ses spectacles sur la route. Le voyage dura six années, pour un million de kilomètres.
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POEM FOR HOPPY / SOFT MACHINE AT UFO CLUB
(1967 / 16mm transféré en vidéo / 3 minutes 52)
Un film rare en provenance des archives de la Boyle Family, présentant la première formation du groupe Soft Machine (Daevid Allen, Robert Wyatt, Kevin Ayers, Mike Rattledge) lors d'une soirée de soutien à John Hopkins, le 2 juin 1967 à l'UFO CLUB.
John "Hoppy" Hopkins était une personnalité essentielle du "swinging London", fondateur de l'éphémère UFO CLUB où se produisit pour la première fois Pink Floyd, éditeur de l'influente revue underground IT (International Times). Il fut arrêté pour trafic de drogue.
Daevid Allen lit son "poème à Hoppy", accompagné par The Soft Machine, sur un light show de Mark Boyle et Joan Hills.
POEM FOR HOPPY
our fathers who art in power we are speaking to you
fathers in political insane asylums
doctors of the dead body politic
professor of the magick lie
we are speaking to you
presidents potentates police inspectors of the mind
popes of the popular back to front we are speaking to you
O earmongers of the easy speak, yes men of the lips service &
first fiddlers of the upper
hand we rae speaking to you
O shepherds of the people down the avenue of promise to
painted heaven the palace of
phallus just around the corner available soon no puppe
strings attached just over the rainbow on cloud sixty nine
brain traders ! punishment dealers !
manufacturers of eyesight you are blind
commanders of the strongarm & of black leather authority
rejoicing in your torn up armies of the second childhood
we don't wanna know about you in yours supermarkets
of the platitude
WE ARE SICK OF BEING RAIDED FOR ILLEGAL
THOUGHTS & JAILED FOR POSSESSION OF THE
SMOKING FLOWER !
your astronauts are heroes yet you prosecute
explorers of the mind !
old fathers vultures let us prey :
our fathers whose mart is heaven hallowed be thy shrines
thy kingdoms pledged thy boundaries hedged on earth as it is in
seventh heaven
sell us this day our hands and heads lest we
be thy trespassers
lest we forgive not thy trespass against us
& breed us from evil
for crime is the kingdom
the power and the glory
aaaaaggh man !
Document présenté avec l'aimable autorisation de VoicePrint
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LA ROUTE
Jean-François Bizot
(1972 / 16mm transféré en vidéo / 1H20)
Jean-François Bizot (1944-2007), le "Citizen Kane de la presse underground", était une figure incontournable de la contre-culture en France. Reprenant en 1970 le magazine Actuel, alors consacré au Free Jazz, il en fait la première expression de "Free Press" à la française, contribuant à la découverte des cultures alternatives (dont le psychédélisme et le mouvement hippie), accompagnant des mouvements sociaux alors occultés ou réprimés : reconnaissance des homosexuels, anti-racisme, écologie, libération de la femme, droit à l'avortement, libération sexuelle ... Fondateur de Radio Nova en 1981, il est également l'auteur, entre autres, de "Underground, l’histoire" (Denoël, 2001) et "Free Press : la Contre-culture vue par la presse Underground" (Panama, 2006).
Son premier film, réalisé avec le concours des rédacteurs d'Actuel, narre les périgrinations improbables de deux compères, Léon Mercadet et Pierre-Louis Morin, sur les routes de l'Inde, de Ceylan et de Bali...
«Je recherche la spontanéité avec juste un regard. Godard en moins prophétique. Jean Rouch en moins bavard et en moins ethnographique, Easy Rider en plus dense, Hallelujah les collines en moins décousu.», écrivit-il dans Actuel. Rien que ça. Mais au deuxième degré et demi, et d'abord en hommage à ses maîtres.
Jean-François Bizot à Ceylan, en juillet 1973, pendant le tournage de La Route.
© Dany Gander-Gosse
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